D'importants dépôts clandestins sont inséminés dans des zones rurales, en pleins champs, et dans des zones urbaines, souvent installés sous des immeubles d'habitation. Un phénomène de grande ampleur qui, en dehors de son aspect fiscal, représente des risques aux biens d'autrui mais surtout, met en danger la vie des riverains. Dans un coin perdu de la région de Médiouna, la Protection Civile a été appelée à intervenir, le week-end dernier, sur un grand feu qui a pris dans un dépôt à l'intérieur d'une ferme. Il ne s'agissait pas d'un dépôt de blé ou de fourrage mais de bobines de carton, produit qui n'a aucun rapport avec les activités de la ferme. Pour éteindre cet incendie, la difficulté majeure, en plus de l'accessibilité et de l'éloignement des lieux, est l'absence de points d'approvisionnement en eau nécessaire à l'alimentation des engins des pompiers. Il s'agit bien ici d'un dépôt clandestin situé dans un lieu isolé. Mais on assiste aussi, un peu partout dans la région du Grand Casablanca, en raz campagne, à l'implantation de regroupements de dépôts, clandestins ou pas, sur des terrains ne disposant pas d'un réseau de bouches d'incendie, qui sont tous exposés à des sinistres et qui ne sont nullement armés pour se défendre. Un feu qui se déclare dans l'un d'eux peut ainsi s'étendre aux dépôts mitoyens comme cela a été récemment démontré lors d'un incendie qui a ravagé un dépôt de peinture au Douar Lamkanssa. Il est ainsi recommandé que ces dépôts régularisent leur situation et se mettent aux normes de sécurité pour éviter des catastrophes annoncées. Le milieu urbain n'est pas non plus épargné par de telles catastrophes. Depuis longtemps, l'accent est mis sur les dangers que représentent les dépôts de marchandises installés au rez-de-chaussée ou au sous-sol des immeubles à usage d'habitation mais aucune action concrète n'a été menée par les autorités afin de conjurer le danger de mort qui pèse sur les riverains. Devant ce laxisme, des quartiers entiers se sont transformés en zone de stockage recevant chaque jour des conteneurs entiers et les camions chargés de marchandises inflammables qui sont entreposées sous les immeubles, exposant leurs habitants à de graves dangers. Le stockage, on ne peut on douter, s'y fait anarchiquement, sans la moindre mesure de sécurité, dans des lieux, bien entendu, qui ne sont nullement conçus pour cette activité pourtant réglementés. Ce sont des immeubles à usage d'habitation dont les rez-de-chaussée sont prévus pour des commerces voire des parkings automobiles. Les marchandises y sont stockées pêle-mêle. Et souvent, on n'y trouve même pas un extincteur. On ne compte plus à Casablanca le nombre des immeubles d'habitation servant à de tels dépôts anarchiques. Pour des calculs économiques, de nombreux importateurs se rabattent sur les rez-de-chaussée et les sous-sols pour les utiliser comme dépôts faisant fi de la réglementation régissant les dépôts de marchandises, et bien entendu sans jamais disposer d'une autorisation ; les dépôts de marchandises étant d'ailleurs interdits sous les immeubles d'habitation. En fait, un dépôt de marchandises ne peut être installé que dans une zone prévue à cette fin et doit obéir à des règles de sécurité strictes notamment de sécurité incendie, et au moment même de sa conception. Les marchandises déclarées doivent y être stockées dans un ordre précis et de façon à ne pas obstruer le passage des sauveteurs en cas de sinistre ; entre autres prescriptions obligatoires pour la délivrance de l'autorisation d'exploitation. Seulement, cette réglementation semble être totalement ignorée. Et personne ne s'en occupe, malheureusement. Aujourd'hui, et parallèlement au plan d'action visant l'amélioration du niveau de sécurité au sein des unités industrielles et des usines, adopté au lendemain de la catastrophe de Rosamor (qui a fait 55 morts et plusieurs blessés), il y a urgence, avec la multiplication des dépôts sauvages, de s'intéresser de près à cette autre menace qui risque à tout moment de provoquer d'autres catastrophes aussi douloureuses. Une menace aussi grave pour la sécurité la population que les ateliers utilisant le gaz et autres produits hautement inflammables situés au rez-de-chaussée des immeubles.