La migrante marocaine est dans la plupart des cas confrontée à des discriminations face à l'emploi dans le pays d'accueil, a affirmé, mardi à Marrakech, Mme Malika Benradi, professeur de droit à l'université Mohammed V-Agdal à Rabat et chercheure dans le domaine de l'immigration et de la femme. «Les femmes, qui connaissent à l'instar des hommes migrants de plus grandes difficultés que les autochtones sur le marché de l'emploi, sont, en tant que groupe de sexe, discriminées face au travail», a souligné Mme Benradi qui intervenait lors d'une séance sur «les migrations dans le monde arabe : des profils spécifiques», organisée dans le cadre du 26-ème congrès international de la population. L'intervenante a relevé, dans ce sens, que les migrantes marocaines cumulent plusieurs handicaps puisqu'elles sont souvent employées dans des postes peu ou pas qualifiés dans l'industrie et les services dont le travail domestique, estimant que «les femmes migrantes assurent la reproduction de la division sexuelle du travail pourtant remise en cause par les revendications des femmes des pays du Nord et les politiques d'égalité». L'universitaire a rappelé que la femme marocaine trouve également des difficultés à s'intégrer dans le pays d'accueil et elle est de ce fait exposée aux différentes formes de marginalisation (juridique, économique et sociale), appelant ces pays à accorder plus d'importance à l'approche genre notamment en milieu de travail. Mme Benradi a par ailleurs déploré le manque de recherches et d'études dédiées à la migration de la femme marocaine et de l'approche genre, appelant les chercheurs à accorder une attention particulière aux spécificités et différents aspects de la migration féminine. Après avoir rappelé que la migration féminine au Maroc a connu une grande ampleur avec les changements économiques des années 1980 (deuxième vague d'immigration), l'universitaire a évoqué les cas de certaines migrantes marocaines confrontées au problème de discrimination dont celui des domestiques en Europe. Placé sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, le 26-ème congrès international de la population (27 septembre-02 octobre) est organisé par le Maroc et l'Union internationale pour l'étude scientifique de la population (UIESP), avec la participation de plus de 2.200 sociologues, anthropologues et décideurs, représentant 114 pays.