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Du rôle de la société civile dans le traitement de la question migratoire
Publié dans L'opinion le 25 - 12 - 2009

Célébrant la Journée Mondiale des migrants qui a lieu tous les 19 décembre, l'Association Marocaine d'Etudes et de Recherches sur les migrations (AMERM) et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont organisé une journée d'étude sur la manière d'agir pour assurer le droit à la dignité du migrant.
Cette journée de concertation sur la problématique des migrants, dont l'effectif va en s'accroissant au Maroc, vu les mesures restrictives prises par l'Union Européenne, prend une autre tournure. On ne peut plus qualifier ces «étrangers», en position de transit, du fait que la plupart ont dépassé 5 ans d'existence au Maroc, voire dix ans, et s'acclimatent à notre « Eldorado ». Selon El Pais, entre 10 000 et 15 000 personnes seraient massées au Maroc dans l'attente de traverser la Méditerranée. En s'éternisant, cette catégorie est amenée à apprécier le pays d'accueil et à s'y établir.
L'enquête sur le terrain de l'AMERM, sur «Les Marocains et les migrants subsahariens: quelles relations», a visibilisé leur présence au niveau de plusieurs régions du Maroc, montré leur fragilité et leur vulnérabilité, leur marginalisation et, estimé leur cohabitation avec les Marocains, pour la plupart difficile. Choc de cultures, différence de mode de vie ou de religion, racisme, xénophobie..., les femmes, les personnes âgées et les jeunes sont les plus réfractaires à la présence des subsahariens.
86 % des Marocains vivant au contact des subsahariens pensent que le racisme n'est pas de mise dans la problématique des migrants et entretiennent l'idée de leur apporter aide et soutien. En plus, les statistiques montrent que la compassion à l'égard des migrants (69%) l'emporte sur le rejet (10%).
Il est temps d'essayer de régler quelque peu leur statut, améliorer leurs conditions de vie, renforcer leurs capacités, au même titre que nos RME qui constituent 10 % de la population marocaine (qui est à l'étranger: 40% en Françe, 19 % en Espagne, 13 % en Italie...)
Si plusieurs associations des migrants existent au Maroc, selon les révélations de la nouvelle enquête faite par M. Khachani, président de l'AMERM, trente sont opérationnelles au niveau de Agadir. Seulement, le champ de bataille pour un minimum de dignité est encore restreint. D'autant plus que la majorité des migrants est dans la fleur de l'âge : moins de 35 ans, et sans revenu. Le tissu associatif, espace de regards croisés, comprend actuellement près de 40 000 ONGs évoluant dans plusieurs domaines. Leurs centres d'intérêt sont les prestations de services, les activités de droits humains et de plaidoyer, les actions de proximité, la prévention de la migration clandestine..., et ce, selon une approche participative
Mme Malika Benradi, coordinatrice du Projet sur la promotion des principes et valeurs humanitaires, en faveur de toutes les personnes vulnérables dont les migrants, a parlé des répercussions de l'échec du projet migratoire des subsahariens vers l'Europe, lequel fait du Maroc un espace de séjour provisoire et de plus en plus un lieu d'établissement durable.
Leur intégration dans la société marocaine a relevé des contraintes de tout ordre, déboussolant parfois les valeurs humanitaires, d'hospitalité, de tolérance et de solidarité, qui ont caractérisé la culture marocaine depuis des siècles.
«Les résultats de l'enquête réalisée auprès de 1000 Marocains et Marocaines en 2008, dans 6 villes marocaines (Casablanca, Rabat, Oujda, Nador, Tanger et Bouarfa), ont bien montré d'une part, le sentiment de compassion, de compréhension et de solidarité que suscite la présence des subsahariens au Maroc, mais également certains stéréotypes qui expliquent quelques comportements de rejet au nom des différences biologiques et culturelles. Ce rejet est certes plus prononcé dans l'espace privé que dans l'espace public».
Mme Benradi a, par ailleurs, parlé du regard de l'Autre où chacun est confronté à sa propre limite d'être. «On sait depuis Platon que le “même” et “l'autre” ou l'identité et l'altérité sont des termes relatifs qui forment un tout. «L'identité est conscience et l'altérité inconscience. Cette altérité est non plus seulement « ce que je ne suis pas» mais serait aussi ce que « je ne veux pas être » et qui a été refoulé dans l'inconscient. Lorsqu'il surgit dans la conscience, cet Autre est alors «d'une inquiétante étrangeté».
La campagne de sensibilisation, lancée cette année par le Croissant-Rouge Marocain, acteur de changement positif au sein de notre société, sous le thème: «Vivons notre humanité», expérience pilote au Maroc, se veut un appel à la tolérance et à la promotion de la diversité. «C'est un appel aux consciences afin de conjurer les attitudes de rejet et de favoriser les comportements d'ouverture, de dialogue et de solidarité en actes ».
A savoir que la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et de Croissant-Rouge vise la sensibilisation et la promotion des principes et valeurs humanitaires de lutte contre les actes de racisme et de xénophobie à l'égard des migrants, ainsi que l'appui et le soutien des migrants dans les domaines de la santé et de l'éducation. Et ce, selon sept principes : l'humanité, l'impartialité, la neutralité, l'indépendance, le volontariat, l'unité et l'universalité.
Le projet cible Tanger, Nador, Figuig, Oujda, Casablanca et Rabat, mais aussi plus récemment Khouribga, Ksar El Kébir.


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