Le ministre de l'Equipement et de l'Eau, Nizar Baraka, a présenté, mardi, un exposé devant le Souverain, portant sur la situation hydrique et sur l'état d'avancement de la mise en œuvre des différents chantiers relatifs à l'eau. Un budget global de 143 milliards de dirhams (MMDH) pour accélérer la cadence du Programme national pour l'approvisionnement en eau potable et l'irrigation 2020-2027. Telle est l'enveloppe annoncée par le ministre de l'Equipement et de l'Eau, Nizar Baraka, devant SM le Roi Mohammed VI, lors d'une séance de travail consacrée au suivi dudit programme, tenue, mardi, au Palais Royal de Rabat. Celle-ci fait suite aux orientations du Souverain, qui avait inscrit la thématique de l'Eau au cœur de Son discours prononcé au parlement en octobre dernier, soulignant que « l'état actuel des ressources hydriques nous interpelle tous, gouvernement, institutions et citoyens. Il exige de nous un devoir de vérité et de responsabilité dans notre action pour remédier aux faiblesses et aux carences qu'elle révèle ». Aujourd'hui, les efforts entamés au niveau national se précisent et permettent déjà d'entrevoir les moyens de réaliser la vision royale en matière de sécurité hydrique. Dans moult déclarations et exposés, Nizar Baraka a résumé l'approche stratégique actuelle qui, en plus du pilier « classique » relatif à la mobilisation des eaux conventionnelles, s'emploie à renforcer deux autres nouveaux piliers stratégiques, à savoir : l'utilisation des eaux non-conventionnelles et la gestion de la demande hydrique. Auparavant, il était plus question de gérer l'offre hydrique, actuellement le Royaume aspire à gérer la demande à travers la limitation du gaspillage, l'augmentation de la rentabilité des réseaux de distribution de l'eau et l'activation des contrats de nappe. «L'idée fondamentale étant que nous disposons aujourd'hui d'une stratégie où les efforts sont équilibrés au niveau de ces trois composantes et catégories d'action », explique le ministre.
Accélération des chantiers Concrètement, le ministre de tutelle a précisé devant le Souverain les mesures prises pour atteindre les objectifs fixés. Il s'agit en premier lieu de l'accélération du projet d'interconnexion des bassins hydrauliques de Sebou, Bouregreg et Oum Er-Rbia, avec la réalisation en cours de la tranche urgente de cette interconnexion sur 67 km. A cela d'ajoutent la programmation de nouveaux barrages et l'actualisation des coûts d'une vingtaine de barrages prévus, permettant ainsi d'augmenter la capacité de stockage de 6,6 milliards m3 d'eau douce. Actuellement, ce ne sont pas moins de 17 grands barrages qui sont en cours de réalisation, qui s'ajouteront aux 150 barrages déjà fonctionnels au niveau national et qui totalisent déjà une capacité de 20 milliards de m3. S'agissant des délais de réalisation des travaux de ces grands chantiers, le département de tutelle a œuvré à leur raccourcissement de 12 à 6 mois. L'accélération des projets de mobilisation des eaux non conventionnelles est également fondamentale selon le ministre, et ce, «à travers la programmation de stations de dessalement de l'eau de mer et l'augmentation des capacités de réutilisation des eaux usées traitées». Sur ce volet, le département de Baraka souligne que les eff¬orts de mobilisation des eaux non-conventionnelles permettront d'atteindre 100 millions de m3 par an, issus du traitement des eaux usées, à l'horizon 2026, afin de les valoriser dans l'irrigation des espaces verts des villes marocaines. De même, le volume d'eaux issues des stations de dessalement de l'eau de mer devrait atteindre 1.3 milliard de m3 par an en 2030, ce qui équivaut au volume d'eau potable consommé actuellement au niveau national chaque année. Dans ce cadre, en plus des stations de dessalement déjà réalisées au niveau national, le ministère ambitionne d'ajouter un total de 20 autres stations dont plusieurs devraient voir le jour avant 2030, parmi lesquelles les stations de la région de l'Oriental (2027), Safi¬ (2025), Nador (2023), Tarfaya (2027), Essaouira (2027), Guelmim (2027), Tan Tan (2027) et Boujdour (2030). Par ailleurs, le ministre a également abordé, lors de la réunion royale qui s'est déroulée en présence du Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, du Conseiller de SM le Roi, Fouad Ali El Himma, du ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, et de la ministre de l'Economie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, le renforcement de l'approvisionnement en eau potable du monde rural, en élargissant la couverture à plus de douars et en renforçant les moyens logistiques et humains mobilisés.
Gestion efficiente En plus de la réalisation des barrages, de la mobilisation des ressources hydriques non conventionnelles, du transfert de l'eau ou encore de l'innovation technique pour raccorder les barrages aux réseaux d'eau potable, les enjeux hydriques du Royaume passent également par l'implication de toutes les parties prenantes dans la gestion e¬fficiente de l'eau. Clé de voûte de la gestion intégrée de l'eau, les contrats de nappe sont justement un mécanisme qui permet de rassembler tous les types d'usagers locaux de l'eau et d'estimer la part qui sera allouée à chacun à la lumière des ressources hydriques disponibles. Selon Nizar Baraka, les exemples de territoires où les contrats de nappe, qui permettent un engagement participatif et un partage de responsabilité entre les usagers, ont été établis sont saillants, dont on citera, et non des moindres, Agadir, Berrechid, Boudnib ou encore Berkane. A cela s'ajoutent les divers programmes de sensibilisation lancés par le Département de l'Eau à travers les médias audiovisuels, le partenariat avec le ministère des Habous, ainsi que l'organisation de Salons régionaux de l'Eau au niveau de chaque Agence de Bassin Hydraulique. Ces efforts de transformation des usages liés à l'eau sont certainement un enjeu majeur qui, logiquement, devrait précéder le chantier de re-tarification de l'eau, fortement recommandé par les experts de tous bords, dont la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement.