Dans un monde où les diktats de la beauté font rage, les jeunes adultes sont devenus obsédés par leur image, et n'hésitent plus à passer sur le billard pour une chirurgie esthétique ou à avoir recours à la médecine esthétique. Leur idéal ? un nez plus fin, une peau lisse, des lèvres pulpées, ou encore un corps sculpté. Explications. Accros aux changements pour coller aux stéréotypes des filtres Instagram ou TikTok, les jeunes, filles comme garçons, sont aujourd'hui les permiens patients de la chirurgie esthétique. Autrefois associées dans l'imaginaire collectif aux personnes souhaitant lutter contre les signes du vieillissement, ces pratiques séduisent de plus en plus de jeunes. Au-delà de la chirurgie, c'est aussi et surtout la médecine esthétique qui prend son envol chez les générations Y et Z, comme en témoigne le succès des injections de Botox ou d'acide hyaluronique.
Des lèvres charnues, des poitrines généreuses, une silhouette ferme, une peau sans aspérité. La chirurgie esthétique n'est plus taboue, même chez les plus jeunes. À 23 ans, Hiba est déjà habituée aux injections. Dans la seringue, de l'acide hyaluronique, une molécule aux propriétés hydratantes, qui gonfle la lèvre artificiellement. « J'avais des lèvres vraiment très, très fines. Pour moi c'était un complexe », se justifie-t-elle. Son amie, 21 ans, elle aussi a reçu une injection il y a une semaine, et reconnaît à demi-mot l'influence des réseaux sociaux sur sa décision.
Ne pas craindre le « Too Much »
Les critères de « beauté naturelle » sont totalement obsolètes pour cette nouvelle patientèle et toute transformation doit impérativement être visible dans la vie, mais surtout sur les réseaux sociaux. Il faut que ça se voie, sinon à quoi bon ! Bouche, fesses, seins... quand un millennial pousse la porte d'un cabinet, il ne lésine pas... « Ils n'ont pas de vieillissement à corriger. Leur but, c'est d'être plus beaux, quitte parfois à demander tout et n'importe quoi », note Dr Saloua Chaoui, dermatologue et spécialiste de médecine esthétique. Les abus sont fréquents, poursuit la spécialiste. « Dans le visage de certains patients, il y a plus d'acide hyaluronique que de matière vivante, parce que, de leur point de vue, c'est une valeur ajoutée ».
Préparer le « summer body », un souci récurrent
Avec le retour des beaux jours, plusieurs jeunes envisagent différentes solutions pour perdre du poids et retrouver une silhouette harmonieuse. En complément d'un régime adapté (prescrit par un professionnel), d'une alimentation saine et de pratiques sportives, la chirurgie et la médecine esthétiques peuvent apporter un coup de pouce salvateur. « Il existe un grand nombre d'opérations permettant de remodeler différentes zones de la silhouette », informe Dr Chaoui.
La liposuccion est une opération consistant à aspirer la graisse superflue dans différentes parties du corps. « C'est une opération relativement courte (entre 20min et 1h30) qui permet un résultat définitif et réellement appréciable », souligne la dermatologue. Le bypass gastrique et la sleeve gastrectomie sont deux des interventions chirurgicales les plus couramment utilisées pour traiter l'obésité morbide et ses comorbidités associées. Le bypass gastrique implique la création d'une petite poche gastrique en haut de l'estomac, qui est ensuite connectée directement à l'intestin grêle. Cela réduit la capacité de l'estomac et modifie la façon dont les aliments sont digérés, ce qui entraîne une perte de poids. La sleeve gastrectomie, quant à elle, implique la réduction de la taille de l'estomac en retirant une grande partie de celui-ci et en laissant une petite poche gastrique en forme de tube.
Pour les personnes qui ne sont pas fans de chirurgie, la médecine esthétique propose d'autres alternatives. La plus connue ? la cryolipolyse (ou le coolsculpting). « C'est une technique non invasive permettant d'éliminer la graisse et les bourrelets disgracieux par le froid. La technique sert aussi à se débarrasser de la cellulite rapidement et sans douleur », indique la dermatologue. Cette méthode reproduit l'effet du froid et peut s'utiliser sur les bourrelets localisés comme sur le ventre, les cuisses mais également sur le double menton. Les cellules graisseuses sont « congelées » et ensuite éliminées naturellement par le système lymphatique du patient.
Faux praticiens peu scrupuleux
Depuis plus de 3 ans, les 18-35 ans ont gagné une place au classement du nombre d'interventions esthétiques. Ils devancent désormais les 50-60 ans. Les médecins disent même parfois refuser des mineurs, et confirment le rajeunissement de leur patientèle. Parmi les patients, il y a aussi de jeunes actifs, comme une femme de 25 ans, complexée par ses cernes, qui, dit-elle, « la desservent au travail ». Et pour ceux dont l'image est le principal outil de travail, la chirurgie et la médecine esthétique sont souvent comme une seconde nature. Dernièrement, de nombreux patients ont été victimes de faux praticiens peu scrupuleux quant à l'hygiène et à la qualité des produits injectés.
Meryem EL BARHRASSI Un accès aux procédures de plus en plus facilité « Avec l'essor de la médecine esthétique, il est possible de faire refaire son nez entre midi et deux, sans convalescence, et avec l'idée que c'est une procédure anodine », note Dr Chaoui. Avec l'arrivée de produits comme le botox, l'acide hyaluronique ou les fils tenseurs et l'ouverture de cliniques spécialisées partout au Maroc, l'offre n'a jamais été aussi large. « La médecine esthétique fait moins peur. Elle a été médiatisée, et les patients peuvent avoir l'impression qu'il s'agit de procédures plus simples », affirme la spécialiste. Enfin, les produits injectables sont résorbables, avec un résultat immédiat. Et cela les attire : « Une injection n'est pas définitive. Elle va modifier, le temps qu'il faudra », poursuit la spécialiste. C'est le côté positif de tant d'excès : l'effet de l'acide hyaluronique disparaît au bout de six à dix-huit mois.