La Cour d'Appel a annulé le jugement de première instance en condamnant les coupables du viol de la petite fille de Tiflet à de lourdes de peines de réclusion. Le père du bébé a été condamné à 20 ans de prison tandis que les deux autres coupables ont écopé d'une peine de 10 ans. Récit d'un procès qui a tenu le Maroc en haleine. Après un marathon judiciaire, le verdict « tant attendu » est enfin tombé. La Chambre criminelle de la Cour d'appel de Rabat a alourdi les peines prononcées contre les coupables du viol de la petite fille de Tiflet. À l'issue d'un procès qui a duré des heures, la Cour a condamné les couples à des peines allant de 10 à 20 ans de réclusion. Un verdict plus sévère que le jugement de première instance, jugé très léger puisque les coupables avaient écopé seulement de 18 à 24 mois de prison après avoir bénéficié des circonstances atténuantes.
Après les délibérations, le père du bébé, dénommé A.D, a été condamné à vingt ans de prison ferme. Les deux autres coupables Y.Z et K.A ont écopé, chacun, de dix ans d'emprisonnement. La Cour a condamné le premier à verser 60.000 dirhams et les deux autres à payer 40.000 dirhams de dédommagements à la victime.
« Nous sommes heureux de ce verdict qui vient augmenter les peines de prison à 10 ans pour deux couples alors que le troisième a été condamné à 20 ans de réclusion », a précisé l'avocat de la victime, Maitre Abdelfattah Zahrach, à l'issue du procès qui a duré plusieurs heures.
À cette occasion, l'avocat a remercié la Justice qui, selon lui, a rendu justice à la petite fille bien que la partie civile ait aspiré à la peine maximale.
M. Zahrache a fait part de son étonnement de la peine prononcée contre deux coupables qui ont écopé de 10 ans de prison. Raison pour laquelle il a annoncé son intention de faire un recours en cassation dans les dix prochains jours en concertation avec la famille de la petite fille.
Déni : le mot d'ordre des accusés !
Les trois accusés ont été d'accord sur un seul point : le déni. Interrogé sur les faits, le premier accusé (A.D) âgé de 25 ans, accusé de « détournement de mineur et d'attentat à la pudeur » a nié toute relation avec la victime, chaque fois qu'il a été interrogé par le juge et les avocats de la victime. Il a continué à plaider son innocence, en contestant les résultats de l'ADN qui prouvent sa paternité du bébé. Les résultats, rappelons-le, ont confirmé à 99,99 % la compatibilité de l'ADN du nouveau-né avec le sien.
Pour sa part, le deuxième accusé Y.Z, âgé de 32 ans a nié, quant à lui, tout rapport avec la victime, il a prétendu qu'il a été visé par des calomnies de la part la famille de la victime. Il a indiqué qu'il y aurait eu des conflits antérieurs qui auraient poussé la famille de la petite fille à le calomnier. L'accusé a allégué une plainte déposée, il y a longtemps, auprès de la gendarmerie, pour justifier « le prétendu règlement de compte ».
S'agissant du troisième accusé, K.A, 37 ans, père de trois enfants, a fait également du déni le mot d'ordre de sa défense. Il a nié tous les faits dont il a été accusé, sous prétexte qu'il est marié et qu'il a des enfants et qu'il ne peut nullement commettre un acte pareil.
Les trois accusés ont nié également toute complicité dans le viol répétitif de la petite fille.
La victime effarée quand elle voit ses prédateurs
En effet, la victime et le seul témoin, dénommé "Malika", ont été auditionnées à huis clos. La victime s'est montrée bouleversée lorsqu'elle s'est retrouvée en face des accusés.
Pour sa part, le témoin n'a pas hésité à changer ses propos. Elle a changé les déclarations qu'elle a fournies à la Gendarmerie sous prétexte qu'elle a subi une pression lors de son interrogatoire.
La défense appelle à requalifier les peines
Les avocats de la partie civile ont plaidé pour la requalification des crimes en viol, et pour l'aggravation des peines pour les accusés. Le jugement de première instance, rappelons-le, n'a pas pris en compte le crime de viol en se contentant de détournement de mineur et d'attentat à la pudeur.
Les avocats de la défense ont demandé que le père assume son entière responsabilité, en versant une somme d'argent mensuelle à la fille et à son enfant. En plus, ils ont exigé que chacun des accusés verse une somme de 100.000 millions de dirhams à la victime.
Intervenant lors de cette séance, Maître Mohamed Essabar, l'un des avocats de la victime, est revenu sur le jugement prononcé en tribunal de première instance, qu'il a jugé « plus proche de l'acquittement que de la condamnation ». Selon lui, le verdict a donné lieu à des « préjudices ». Toutefois, il s'est félicité de la réaction de la société civile et des médias qui ont éveillé la conscience de l'opinion publique.
La défense des accusés contre-attaque sans succès
De son côté, les avocats des accusés ont tenté de remettre en cause la fiabilité du test ADN et le témoignage de la victime en soulignant des prétendues « contradictions » dans ses propos.
Ainsi, l'avocat des accusés a clamé l'innocence pour les deux premiers accusés, sans pour autant faire référence au premier accusé qui est le père de l'enfant. Dans une tentative désespérée d'innocenter les clients, ils ont estimé que les charges et preuves ne sont pas assez suffisantes pour les condamner. Un argument spécieux aux yeux de la Défense de la victime qui l'a sévèrement rejeté.
Pour sa part, le ministère public a requis la peine maximale. Dans sa réquisition, le représentant du Parquet général a indiqué, avec émotion, s'est opposé à accorder les circonstances atténuantes aux accusés.