Le gouvernement nommé en octobre 2021, devait naturellement cueillir les fruits d'un pilotage exceptionnel par SM Le Roi, de plus de 18 mois d'un Covid ravageur, dévastateur, dont notre pays a certes, fortement pâti, mais dont il est sorti encore plus soudé et mieux préparé à des lendemains très prometteurs. Ce mal d'ampleur inédite, devait faire beaucoup plus de dégâts sociaux et économiques, mais l'art et la manière du Souverain, ont repoussé jusqu'à des frontières inimaginables auparavant, les pires menaces, toutes nos limites et notre capacité de résilience. Bien plus, ils ont offert à notre pays un Capital compétence, efficacité, image et positionnement, inestimable. Le postcovid s'annonçait donc dans une extraordinaire ambiance de symbiose, de victoire, de belle cohésion sociale, de fierté nationale, de grande disposition à réaliser des prouesses économiques, et ... d'achèvement d'un Nouveau Modèle de Développement novateur et ambitieux. Mais à peine installé et mis en ordre de bataille pour honorer toutes les promesses et espérances, le gouvernement s'est retrouvé en un laps de temps record, face à une sécheresse inédite et aux effets collatéraux impitoyables d'une guerre entre superpuissances, dont une inflation inédite. Ce qui a fortement perturbé, brouillé tous ses choix, ses plans et son action. Par conséquent, au lieu de faire prendre au pays le cap pratiquement balisé, il s'est mis, contraint et forcé, à consacrer beaucoup d'énergie à gérer la dictature d'un quotidien inattendu. Malchance ? Loin s'en faut. La responsabilité publique ne se raisonne ni ne s'exerce selon la logique de l'horoscope. Il n'y a pas de bon ou de mauvais moment pour gouverner. Il n'y a que l'honneur et le privilège de servir le Maroc à tous moments et en toutes circonstances, avec compétence, souci d'innovation, sens du devoir, don de soi et patriotisme. L'inflation importée s'est invitée avec fracas. Son taux atteint, est malheureusement allé bien au-delà de l'étranglement de la croissance économique recherchée et tant espérée, pour provoquer une flambée inédite des prix particulièrement, des produits de grande consommation, et son corollaire naturel, un grand malaise social. Au terme d'un an de multiples tentatives, rien n'est malheureusement parvenu à la juguler. Bien au contraire, elle continue de galoper. Ni les baisses importantes des prix de produits et services sur les marchés internationaux, ni les relèvements successifs du taux directeur, ni le doublement du budget de la Caisse de Compensation, ni les soutiens directs en plusieurs milliards de dirhams au transport des marchandises, ni les contrôles réguliers des prix. Ce qui interpelle sur la compréhension faite de la situation, sur les choix adoptés et sur la démarche préconisée pour y parvenir. Il faut se rendre à l'évidence que notre pays continuera à subir à l'instar de pratiquement tous les pays du monde, l'inflation importée, tant que les superpuissances persistent à agir sur les conséquences de cette inflation et non pas sur ses véritables causes que sont principalement, la guerre en Ukraine et les sanctions infligées à la Russie, dont elles pâtissent elles-mêmes. Mais, force est de constater que dans notre taux d'inflation galopante il n'y a plus malheureusement, que de l'inflation importée, et que depuis septembre dernier déjà, l'on assiste à une part non négligeable d'inflation artificielle, injustifiée, incivique, parce que provoquée et maintenue localement. Un tel dérapage inhabituel, dont le coût et les effets sociaux sont énormes, appelle au moins deux initiatives majeures, extrêmement urgentes et à effet positif immédiat sur l'inflation et le pouvoir d'achat : les pouvoirs publics devraient s'activer à TOUT mettre en œuvre pour neutraliser totalement la part d'inflation incivique, purement et simplement fomentée par des opérateurs prédateurs, capables du pire collectif au profit de leurs stricts intérêts individuels. De même qu'ils devraient moderniser les circuits de distribution et mettre fin aux intermédiations négatives parasitaires qui contribuent en temps normal déjà, au renchérissement artificiel des produits de grande consommation. Faut-il rappeler encore, que le libéralisme n'est pas un dogme ni encore moins une religion. Il n'est pas plus qu'une boîte à outils, dont l'Etat puise les meilleurs instruments pour servir l'intérêt général. L'intervention publique contre ces prédateurs et contre les intermédiations parasitaires, doit être diligente, chirurgicale et sans ménagement. Les enjeux collectifs d'abord sociaux puis économiques, l'emportent sur tout le reste. les citoyens aisés et les opérateurs économiques doivent s'y mettre eux aussi, en ces temps difficiles et sensibles, pour accompagner l'engagement public, et ce à travers 3 mesures tout aussi urgentes : 1- nos industries et commerces devraient s'activer à répercuter immédiatement les baisses importantes des prix internationaux sur leurs prix de vente et adopter "Zéro spéculation". De même que nos exportateurs de légumes, devraient s'accorder de toute urgence sur un quota prioritaire et conséquent par produit pour notre marché intérieur. 2- nos ménages devraient appliquer "Zéro gaspillage" en se contentant du strict besoin alimentaire qu'ils vont effectivement consommer. 3- nos concitoyens aisés devraient lancer "Tous solidaires" en distribuant la Zakat dès à présent, ainsi que les produits alimentaires de base à prix élevé, aux plus démunis et à une bonne partie d'une classe moyenne en voie de paupérisation. Outre ces mesures, et afin de transformer les menaces économiques et sociales de l'inflation importée, en chance pour notre pays, les organes de l'Etat, concernés directement par la crise actuelle, devraient plutôt, mettre en commun leur compétence et leurs énergies, pour parler d'une même voie et soutenir : la prospection diligente des opportunités offertes à l'échelle internationale, le recentrage de nos choix stratégiques et de l'effort financier public considérable dans le domaine agricole, particulièrement vers l'extension de nos bassins de production céréaliers et oléagineux au-delà de nos frontières, la mise en marche et le soutien à très grande échelle, d'une agriculture familiale et vivrière et d'une économie sociale et solidaire, réinventées et rénovées, l'amélioration significative de notre productivité et de notre compétitivité dans des branches focales de notre agriculture, la forestation massive. l'activation diligente de tous les moteurs et propulseurs de croissance en notre possession aujourd'hui, tels que la nouvelle Charte d'Investissement, le portefeuille des investissements publics, le Fonds Mohamed VI, les plans de développement des Régions, les IDE, l'industrialisation accrue, nos viviers naturels et traditionnels avec l'agriculture, de création d'emplois et de croissance que sont le tourisme, l'habitat, l'agroindustrie, l'artisanat et le textile. une mobilisation accrue pour tirer immédiatement le meilleur profit de la ZLECA (Zone de Libre Echange Continentale Africaine) aussi bien en matière d'échanges commerciaux que d'investissements croisés dans de multiples domaines d'intérêt commun. l'activation de "triangles d'or" d'investissements, de production et d'exportation entre partenaires solides et fiables, qui capitaliseront sur nos multiples ALE et s'engageront dans des secteurs d'intérêt commun déjà identifiés, tels que l'énergie, l'eau, l'agriculture, l'agroindustrie, le transport maritime, les engrais, le tourisme, les Télécom, l'habitat, la finance, l'assurance, les infrastructures. Des triangles tels que Maroc-CCG-UE, Maroc-CCG-USA, Maroc-USA-Afrique, Maroc-CCG-Afrique, Maroc-Espagne-Afrique, Maroc-Espagne-CCG, Maroc-Espagne-UE, Maroc-Espagne-USA, Maroc-Israel-Afrique, Maroc-Chine-Afrique, Maroc-Russie-Afrique, sont autant de rapprochements stratégiques qui feront de notre pays un acteur, un bassin, une plaque tournante, un HUB de très haute valeur ajoutée pour l'ensemble de ces partenaires, et qui favoriseront chez nous une croissance forte et durable, des emplois massifs pour les siècles à venir et un PNB (Produit National du Bonheur) autrement plus conséquent. En ces moments de grandes incertitudes qui planent sur le monde, il est permis pour notre pays, sans grand risque d'erreur, de baser ses visions et son action sur au moins quatre grandes certitudes : 1- le "Capital symbiose et optimisme collectifs", acquis au lendemain du Covid, cité plus haut, est un atout majeur qu'il serait extrêmement dangereux de perdre ou d'en sacrifier le moindre aspect, pour quelle que raison ce soit. Rien, absolument rien ne doit être ménagé pour le protéger très jalousement, quel qu'en soit le prix. 2- rien n'empêche dans le cas "Maroc", une croissance forte qui cohabiterait avec une inflation strictement importée. 3- nos atouts multidimensionnels ainsi que les opportunités locales, régionales, continentales et internationales qui s'offrent à nous, sont factuels et sans limites. Il n'en revient qu'à nous d'en activer les premiers et de profiter des secondes. 4- le retour au travail de la Chine, décrété en janvier dernier, après l'abandon du "Zéro cas" du Covid, et les premisses en filigrane, d'une paix proche, entre la Russie et l'Ukraine, vont relancer de plus belle, l'économie mondiale dès l'été prochain, et profiter aux pays les mieux positionnés. Rien ne justifie ni panique ni sinistrose ni langage déprimant. La vague de la crise sera bientôt derrière nous et demain sera meilleur. Les projections, les actes et les mots devraient dorénavant aller dans ce sens avec la conviction et la détermination requises.