La coopération Maroco-Espagnole va bon train sur de nombreux registres, y compris dans le secteur de l'énergie, grâce au rapprochement historique entre les deux pays. Le Royaume a ainsi bénéficié d'une baisse des prix d'électricité espagnole s'élevant à 600 millions d'euros en 2022. L'interconnexion entre l'Espagne et le Maroc a été inaugurée en 1997 avec une capacité d'environ 1.400 MWh, portée par une infrastructure de 29 kilomètres sous les eaux du détroit de Gibraltar. Le transfert d'électricité devrait s'intensifier dans quelques années, puisqu'une augmentation de capacité de 700 MW supplémentaires est prévue pour 2026. Selon des sources du secteur espagnol de l'énergie, le Maroc a économisé, durant l'année écoulée, un total de 575 millions d'euros en achetant de l'électricité espagnole. Les épargnes réalisées sont dues notamment au fait que le Royaume a quadruplé ses importations en provenance d'Espagne l'année dernière. Notons que le pays ibérique a destiné la quasi-totalité de sa production en matiére d'électricité à l'exportation, étant donné que, selon les données communiquées par Redeia (Gestionnaire d'infrastructures énergétique), le bilan électrique espagnol s'est terminé en négatif, avec un chiffre d'environ 1,5 million de MWh en 2022. Plus précisément, un total de 1,8 million de MW a été acheminé depuis les installations ibériques, tandis que la quantité d'électricité entrant dans les infrastructures espagnoles s'élevait à 422.000 MW. Cela signifie que 81 % du flux d'électricité espagnol ont été destinés à l'exportation en 2022. Par exemple, le mois de mai a connu l'un des pics les plus élevés de transferts d'électricité vers le Maroc. Le dernier pic observé en matiére d'importation d'électricité provenant de l'Espagne remonte à 2020, lorsque l'Espagne nous a transféré plus de 100.000 MWh. Mais si on remonte à 2019, on constate que l'Espagne a importé 76 % de ses besoins en électricité depuis le Maroc, selon les informations de la société opérant dans le secteur énergétique, Red Electrica de Espana.
Pourquoi cette réduction ?
Le mécanisme mis en place par le locataire du palais Moncloa, en juin dernier, pour réduire le prix de l'électricité, aux termes duquel le prix du gaz a été plafonné, a permis de réduire le coût par mégawatt pour les Espagnols et, par conséquent, pour le reste des pays qui ont une interconnexion avec le système espagnol, y compris le Maroc.
Dans un rapport publié récemment par l'Agence internationale de l'énergie sur le marché de l'électricité, elle souligne que « l'exception ibérique a permis de faire baisser les prix de l'électricité en Espagne, mais a également eu d'autres conséquences, comme l'augmentation de la consommation de gaz et, dans le même temps, l'augmentation des exportations d'énergie relativement peu coûteuses vers les pays voisins ».
Pas que l'électricité, le gaz aussi...
Les quantités acheminées par le Gazoduc Maghreb-Europe (GME) ne cessent de battre des records, d'un mois à l'autre. Les importations marocaines de gaz naturel liquéfié (GNL) ont augmenté à un rythme exponentiel depuis juin 2022, soit l'équivalent d'une production de gaz de 536 gigawattheures (GWh), en janvier 2023.
C'est le deuxième chiffre le plus élevé à être acheminé depuis la mise en place de ce mécanisme en juin 2022, en commun accord entre les gouvernements de Rabat et Madrid, après les 553 GWh réalisés en novembre.
Lorsque le GME a été rouvert, dans les sens inverse, les quantités acheminées depuis l'Espagne vers le Maroc étaient très faibles, mais au cours des deux derniers mois, les exportations se sont fortement intensifiées. Par rapport aux volumes presque testimoniaux de juin (60 gigawattheures, GWh), juillet (172 GWh) et septembre (123 GWh), les expéditions ont commencé à se multiplier en octobre (328 GWh) pour monter en flèche en novembre (553 GWh) et décembre (527 GWh).
D'un commun accord entre Rabat et Madrid, le GME, initialement conçu pour acheminer le gaz algérien vers l'Espagne via le Maroc, a été rouvert en sens inverse après que l'Algérie ait décidé de le fermerde manière unilatérale en représailles contre le Royaume, dans un acte d'escalade suite à sa décision de rompre les relations diplomatiques avec Rabat.