Le dernier rapport de la Cour des comptes a relevé plusieurs griefs à l'encontre du secteur pharmaceutique, notamment sur la marge bénéficiaire des pharmaciens jugée excessive. Un jugement rejeté par les représentants du secteur, qui lors d'une conférence de presse tenue jeudi à Rabat, ont essayé de tirer les choses au clair. Des données « fausses » et « erronées ». Telle est la position de la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc, sur le dernier rapport de la Cour des Comptes . Celle-ci rejette toutes les conclusions avancées par l'instance, soulignant qu'elles ne reflètent « en aucun cas la réalité du secteur ». La Confédération a convoqué pour se faire une conférence de presse, ce jeudi 16 mars au siège de la chambre de Commerce, d'Industrie et de Services à Rabat.
On rappelle que la Cour des comptes avait indiqué que les gains des pharmaciens peuvent atteindre jusqu'à 57%, ce que les professionnels du secteur contestent en pointant une « mauvaise interprétation » des chiffres. Plus concrètement, le secrétaire général de la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc (CSPM), Amine Bouzoubaâ, explique qu'il ne s'agit nullement d'un « bénéfice net », mais comprend ainsi le bénéfice des distributeurs, les laboratoires, la TVA et les redevances.
De son côté, Mohamed Lahbabi, président de la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc, affirme que la marge bénéficiaire des pharmaciens ne dépasse pas les 8% et ce, conformément à la convention de la contribution libératoire avec les pharmaciens en 2020, signée entre la Direction Générale des Impôts et le Conseil National de l'ordre des pharmaciens. « La DGI a pris comme marge brute du pharmacien près de 30% et de 8% en net après déduction de diverses charges », détaille-t-il.
De plus, le secteur pharmaceutique au Maroc est très différent de celui des autres pays, notamment de la France et la Belgique, étant donné que les pharmaciens de ce secteur reçoivent des indemnités de substitution, des indemnités de vaccination et de dépistage, indemnités de dispensation, rémunération des gardes, indemnité de prolongation d'ordonnance et bien d'autres, expliquent les intervenants.
« Le prix des médicaments est défini par une commission interministérielle, donc le pharmacien n'intervient pas dans ce processus. Une fois les prix définis par la commission, ils sont publiés dans le bulletin officiel ainsi que la marge du pharmacien dessus », nous a précisé le président de la Confédération.
C'est pourquoi les professionnels du secteur appellent la Cour des comptes à « rectifier » ces taux. Dans le même sillage, « les pharmaciens s'attendent à ce que le ministère de tutelle ouvre le débat de façon à ce qu'on puisse développer la profession de pharmacie d'officine au Maroc », nous a confié Mohamed Lahbabi, appelant à faire en sorte que « la législation suive l'évolution de l'exercice officinal au Maroc ».