L'impasse dans laquelle se trouvent les Conseils régionaux des pharmaciens d'officines du Nord et du Sud nourrit les critiques sur le manque d'efficacité, de crédibilité et de légitimité de ces organes et justifie les appels persistants des syndicats pour les réformer. Dans un courrier adressé au ministre de la Santé, dont Barlamane.com/fr détient une copie, la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc (CSPM) dénonce « l'inaction des membres des Conseils régionaux des pharmaciens d'officines du Nord et du Sud qui perdure au sujet des élections qui n'ont pas été reconduites depuis 2017 ». À ce sujet, la CSPM souligne qu'une « pétition a déjà été signée par quelque 1 000 pharmaciens incitant le ministère de la Santé à intervenir de toute urgence pour que le secteur sorte de sa crise ». Joint par Barlamane.com/fr, Amine Bouzoubaa, secrétaire général de la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc (CSPM), souligne que le Dahir portant loi n°1-75-453 du 17 décembre 1976 instituant un ordre des pharmaciens décrète que les membres des Conseils sont élus pour quatre ans et renouvelables par moitié tous les deux ans. Ses deux Conseils régionaux ont ainsi pour mission d'inciter et de coordonner la participation de leurs membres au développement des sciences pharmaceutiques, de veiller au respect des lois et règlements qui régissent la profession ainsi que des devoirs professionnels et des règles édictées par le Code de déontologie, explique Amine Bouzoubaa. En outre, les Conseils régionaux des pharmaciens d'officines du Nord et du Sud doivent assurer la gestion des biens de l'Ordre et la défense de ses intérêts matériels ainsi que la création, l'organisation et la gestion de toutes oeuvres d'entraide, d'assistance et de retraite liées au secteur pharmaceutique. « Les membres des deux Conseils régionaux actuels tiennent à prolonger leur mandat au-delà de la durée légale, alors qu'ils ont passé plus de quatre ans à la tête desdits Conseils sans la moindre réalisation. Ils continuent de refuser d'organiser des élections pour renouveler leurs structures », déplore le secrétaire général de la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc. Il relève aussi que la non-organisation des élections à temps rend en quelque sorte illégitimes les Conseils régionaux actuels. « Les deux Conseils régionaux ne remplissent aucunement les missions qui leur sont attribuées en vertu du Dahir portant loi n°1-75-453 du 17 décembre 1976. Ils ne suivent d'aucune manière une approche collaborative avec les institutions publiques. D'ailleurs, ils n'ont même pas pris part à l'organisation de l'opération de vaccination chez les pharmaciens. C'est la CSPM qui s'en est occupée », ajoute-t-il. S'agissant du projet de loi n°18.98 portant réforme du Conseil de l'Ordre national des pharmaciens, qui devra abroger le dahir portant loi n°1-75-453 du 17 décembre 1976, il note qu'il a été approuvé le 7 novembre 2019 en Conseil de gouvernement. Toutefois, « il n'a pas encore été discuté au sein du parlement, en raison de la lenteur du processus législatif ». Dans un autre registre, Amine Bouzoubaa rappelle que selon la loi n°17-04 portant Code du médicament et de la pharmacie, les horaires d'ouverture et de fermeture ainsi que les modalités selon lesquelles doit être assuré le service de garde doivent être fixés sur proposition des Conseils régionaux de l'Ordre des pharmaciens. Toutefois, les deux Conseils actuels ne sont pas encore attelés à ce sujet alors que cela relève de leurs missions. À cet effet, ce sont les syndicats des pharmaciens qui ont proposé ces horaires. Compte tenu de ces dérogations, la CSPM s'indigne contre l'attitude du ministre de la Santé qui, depuis sa prise de fonction, a complètement négligé le secteur de la pharmacie. Il a d'ailleurs déclaré que la représentativité des Conseils de l'Ordre des pharmaciens est illégitime, refusant ainsi de recevoir les différents organes représentatifs de ce secteur.