Des restrictions quantitatives s'appliquent, désormais, aux exportations de légumineuses pour infléchir les prix à l'intérieur. Une autre mesure qui remet à table la discussion sur la nécessité d'approvisionner le marché local ou de préférer le développement des échanges commerciaux avec l'étranger. Détails. Dans une circulaire datée du lundi 27 février 2023, l'Administration des douanes et des impôts indirects (ADII) a annoncé que de nouvelles restrictions quantitatives à l'exportation des légumes à cosse secs, écossés, décortiqués ou cassés sont entrées en vigueur, faisant savoir que ces denrées seront désormais soumises à une licence d'exportation. La circulaire fait donc référence à la position tarifaire 0713 fixant les conditions d'exportation et d'importation, notamment des pois, pois chiches, haricots, fèves et lentilles. Cette mesure intervient, selon la même source, alors qu'un arrêté du ministre de l'Industrie et du Commerce complétant l'arrêté n°1308-94 du 7 kaâda 1414 (19 Avril 1994), fixant la liste des marchandises faisant l'objet de mesures de restrictions quantitatives à l'importation et à l'exportation, est en cours de publication au Bulletin Officiel. Bien que ces nouvelles restrictions sur les exportations des légumineuses interviennent dans un contexte particulier, marqué par la montée en force des inquiétudes sur une nouvelle vague de hausses des prix touchant notamment les légumineuses, cette même décision suscite la crainte des exportateurs quant à l'avenir des liens commerciaux entre les producteurs locaux et les sociétés importatrices. « Au lieu de faire baisser les prix de ces denrées, cette décision pourrait avoir des conséquences désastreuses sur les exportateurs qui mènent, depuis longtemps, un travail de longue haleine pour promouvoir les produits marocains à l'étranger », soulève Hassan Sentissi, président de l'Association marocaine des exportateurs (ASMEX), avant de renchérir : « Nos partenaires ont eux aussi une clientèle. S'ils ne reçoivent pas leurs commandes à temps, ils risquent de prendre du recul par rapport à nos produits, ce qui aura un impact direct sur la chaîne et donc sur le volume de production des légumineuses au Maroc ». Ces nouvelles restrictions mises en place ne sont, certainement, pas au goût des producteurs locaux qui préfèrent, d'après l'expert en économie Mehdi Ferrouhi, destiner leur produits à l'exportation, ce qui leur procure plus de gain que le marché local. Si cette mesure reste « inefficace », aux yeux de notre expert, pour relever le défi lié à la stabilité des prix, « le contexte actuel requiert de trouver de nouvelles alternatives en mesure de favoriser la stabilité des prix au niveau national mais aussi de sauver la mise pour les exportateurs et les importateurs, à savoir le fait d'opter pour une gestion rationnelle du stock, tenant compte du besoin du marché local et de l'export, le temps que le produit en question soit de nouveau disponible en quantités suffisantes ».