Un énième incendie s'est déclaré au bidonville Carrière Qabla à Hay Mohammedi, préfecture des arrondissements du même nom, Casablanca. Le feu a détruit cette fois une quarantaine de baraques comme on a relevé des dégâts dans une quinzaine d'autres. Trente personnes atteintes de blessures ou d'asphyxie ont été évacuées vers les urgences. L'opération de secours s'est déroulée dans l'anarchie. Pour combattre cet incendie, et comme il en est toujours le cas dans les feux de bidonvilles, la Protection Civile a déclaré l'alerte dans tous ses centres de secours et lancé en premier son Unité régionale d'intervention qui est équipée et rôdée pour lutter contre les sinistres de grande ampleur. Les moyens déployés ont compris 70 hommes du feu, 8 véhicules et 3 ambulances. A leur arrivée, les sapeurs-pompiers se sont retrouvés au milieu d'une anarchie indescriptible. Ils se sont vus repousser par la foule et leur matériel a été confisqué par une nuée de jeunes qui ont pris d'assaut les camions et déployé comme ils l'entendaient les tuyaux des lances. Les hommes du feu étaient ainsi relégués au second plan et craignaient pour leur sécurité. Trois d'entre eux allaient d'ailleurs être agressés physiquement. L'un a eu une dent cassé, un deuxième a été blessé par des coups et le troisième par un jet de pierre. De nombreux jeunes et moins jeunes habitants du bidonville et autres badauds ont fait valoir leur savoir en matière d'extinction du feu, s'emparant des lances des sapeurs-pompiers par la force et dirigeant leurs jets du côté qu'ils estiment opportun ; sans parler de tous les autres individus malintentionnés qui procédaient à des actes de sabotage en trouant les tuyaux, et autres délinquants motivés plutôt par le vol. Le Préfet de Police a constaté par lui-même la pagaille généralisée qui a régné sur les lieux. Il s'en est d'ailleurs sorti mouillé de la tête aux pieds (voir photo), ainsi que des policiers qui l'accompagnaient, lorsque des civils qui se sont improvisés en sapeurs-pompiers ont dirigé sur lui le jet d'une lance qu'ils n'arrivaient pas à maîtriser. L'expérience a démontré qu'afin que l'intervention des secours puisse se dérouler dans des conditions normales, les forces de l'ordre doivent se déployer à l'intérieur du bidonville au moment ou avant même l'arrivée des pompiers. Ils doivent procéder à l'évacuation de la population et des badauds pour les protéger eux-mêmes, protéger le matériel de la collectivité et faciliter ainsi la tâche des hommes du feu. Le périmètre de sécurité à établir doit interdire formellement l'accès non seulement à l'endroit où le feu a pris mais à toute la zone d'intervention des sapeurs-pompiers. C'est ainsi que de tels incendies peuvent être rapidement maîtrisés et faire le minimum de dégâts, de sinistrés, de familles et d'enfants qui se retrouveront dans la rue, vivant dans conditions encore plus insoutenables que celles qu'ils vivaient dans leurs taudis. C'est justement le cas actuellement pour les familles sinistrées du bidonville Qabla en ces jours de l'Aïd El Fitr, et qui devraient être abritées dans des tentes prélevées dans le stock de matériels de secours et l'hébergement des sinistrés de la Protection Civile.