La sortie du film «j'ai vu tuer Ben Barka» au Maroc comme en France, avait coïncidé avec le 40ème anniversaire de la disposition du leader marocain Mehdi Ben Barka. C'est un film de plus sur cette affaire criminelle et politique à la fois qui a secoué et continue de secouer les opinions publiques marocaine (Mehdi Ben Barka et marocain) et française (Mehdi a disparu en France) . Un premier film a déjà été réalisé cinq ans après cette disparition en 1970 par le cinéaste français Yves Boisset intitulé «L'attentat», film appartenant à la vogue des films politiques initiée par «Z», «L'Aveu» et «Etat de siège», apparus à la même époque «L'Attentat» n'ont pas de succès à sa sortie tellement l'intrigue insignifiante et la mise en scène plate et incontrôlée. Ne voulant incriminer ni nommer personne, Boisse a réalisé un film sans but, ni âme. Vingt cinq ans plut tard, Serge Le Peron, aidé dans son entreprise par le Marocain Saïd Smihi, renoue avec cette affaire qui continue de défier la chronique, et où l'on voit un peu plus clair sur les vrais criminels et leur parcours respectifs. Depuis lors, les langues se sont déliées et de multes vérités refont surface. C'est ce qui pourrait être le mobile pour se livrer à une telle expérience. Non, rien cela n'est porté à l'écran. L'approche de Le Peron est tout autre mais ne va pas plus loin que celle de son compatriote Yves Boisset. Ce dernier, pour monter sa fiction, s'est intéressé au journaliste qui accompagnait Ben Barka lors de son Kidnapping joué par Jean – Louis Trintignant. Le Peron, lui suit les pas de Georges Figon, un témoin potentiel de l'affaire. Deux approches différentes qui aboutissent au même but. Dans les deux films, la matière première est la disparition puis l'assassinat de Ben Barka, ici reléguée au second plan, ce qui crée un sentiment de frustration chez le spectateur. En principe, le film de Le Peron devrait être plus riche car, depuis 1965, de nombreuses pistes ont été défrichées, une multitude d'indices ont été vérifiés et bon nombre de témoins oculaires révélés, voire ont avoué leur participation plus ou moins directe, tant au niveau du Maroc qu'à l'échelle de la France. Par son sujet maroco-français, l'affaire Ben Barka ne pouvait qu'intéresser les producteurs de films. Et tant mieux si des efforts ont été conjugués dans ce sens pour témoigner encore une fois s'approchent un peu plus de la vérité qui finira par éclater un jour. Il faut saluer l'apport louable du producteur – réalisateur Abdelhai Laraki, qui signe là une contribution historique pour le biais de sa société Casablanca films qui apporta une participation financière de 1.372.000 dh sur 20 millions de dirhams. L'apport espagnol est tout aussi prépondérant et chiffré à 4 millions de dirhams. Ajoutons à cela l'avance sur recette évaluée à 2,5 millions puis celle de 2M chiffrée à 550.000 Dh. Le sujet avait aussi intéressé le C.N.C., Canal + Europe et ZDF. C'est à cause du cinéma que Ben Barka a été assassiné». Cette phrase de Serge Le Peron semble résumer la philosophie de l'affaire. C'est aussi pour cette raison que la production a intéressé plus d'un partenaire.