Depuis la reprise des relations maroco-israéliennes, les deux pays cherchent à concrétiser des actions dans certains domaines ciblés, notamment le secteur aquacole, où les potentialités du Maroc restent sous-exploitées. Ce nouveau créneau de l'économie marine nécessite des efforts importants en matière d'investissement, au regard des potentialités existantes et des ambitions que nourrit le Maroc dans ce domaine. Les appels d'investissement, lancés par le Royaume depuis quelques années, ont commencé à recevoir des réponses de la part des Espagnols d'abord, mais aussi de sociétés israéliennes désirant se lancer dans ce domaine. En effet, l'Agence nationale de développement de l'aquaculture (ANDA) et la société israélienne AGRIGO ont scellé, la semaine dernière en marge de la 6ème édition du Salon international Halieutis, un accord visant à installer une ferme piscicole près de la ville de Tanger avec un investissement total de 10 millions d'euros. Il s'agit d'un projet de grande envergure, fruit d'une rencontre entre l'ANDA et la délégation israélienne, composée de représentants du ministère de l'Agriculture et de la Pêche maritime, du ministère des Affaires étrangères, de chercheurs universitaires et de représentants d'entreprises de technologie maritime, qui a pris part à la 6ème édition du Salon Halieutis, tenue à Agadir du 1er au 5 février courant. Selon des experts du domaine, notamment Pr Houcine Nibani, expert en conservation de la nature, responsable pour la région de l'Afrique du Nord du Réseau mondial (Conservation Coach Network - CCNet), il s'agit d'un projet en mesure de soutenir les actions menées par le Royaume en vue de surmonter le retard en termes d'activités relatives à l'aquaculture, que ce soit la pisciculture ou la conchyliculture. « La majorité des fermes dont disposent le Maroc, jusqu'à présent et qui sont proches de la côte, relèvent davantage de la conchyliculture que de la pisciculture, et ce, malgré les risques que la première filière présente pour le système marin », nous a-t-il expliqué, se disant toutefois optimiste quant au développement des activités de pisciculture offshore, loin de la côte pour préserver l'écosystème marin. « A l'heure où la biomasse est en chute au niveau mondial, l'aquaculture est la meilleure solution pour tous les pays afin de préserver les ressources marines », estime-t-il.
L'Atlantique : le meilleur espace pour investir Si l'ANDA n'a pas encore, à ce jour, révélé de détails supplémentaires sur le projet de ferme piscicole dont les travaux devront commencer en avril prochain, Pr Nibani considère que l'Atlantique serait le meilleur endroit pour la mise en œuvre de ce projet. « A la différence de la Méditerranée qui est le lieu le plus risqué au monde, notamment en raison de la pollution marine et de la présence de plus d'espèces invasives, l'Atlantique pourrait être le meilleur lieu pour l'implantation d'une ferme piscicole », détaille-t-il, rappelant que les espaces qui présentent d'efflorescence algale, de blooms de méduses ou qui connaissent des changements rapides de température nécessitent de lourds investissements pour préserver la production.
La technologie au service de l'aquaculture Les espoirs sont donc fondés sur ce projet de ferme pour booster cette filière dans laquelle le Maroc accuse un retard considérable par rapport à ses voisins, car il est attendu que le projet donnera un coup de pouce aux actions menées par le Royaume pour encourager l'investissement en aquaculture, principalement en pisciculture. Il devra également permettre, aux yeux de Pr Nibani, de tirer profit du savoir-faire des autres partenaires, comme Israël qui présente des avancées majeures en termes de technologie. «Le Maroc dispose de 3500 km de littoral, pour sa part, Israël n'a pas de grandes superficies marines mais il a plutôt de la technologie, ce qui est en mesure de donner un coup de pouce à la coopération maroco-israélienne dans le domaine de l'aquaculture », estime notre interlocuteur, soulignant que les projets menés dans ce domaine devront être à la pointe, en s'appuyant sur une technologie de haut niveau, d'autant plus qu'il s'agira de les préserver contre plusieurs facteurs de risque. Pour rappel, un projet de jumelage, portant sur le renforcement de l'aquaculture au Maroc, a été lancé en 2022 entre l'ANDA et l'Union Européenne, avec pour objectif de soutenir les efforts de l'ANDA dans l'accompagnement à l'installation de projets aquacoles et de doter les opérateurs de ce secteur des outils pratiques de bonne gestion et de conduite des élevages tout en s'inscrivant dans une démarche de biosécurité.