Les bornes de recharge ne sont pas assez nombreuses pour inciter les gens à se procurer des voitures électriques. L'installation à domicile est parmi les solutions envisageables. Détails. Cela fait des années que l'on parle de mobilité verte. Un terme vague souvent employé pour désigner la révolution des transports et leur transition de l'énergie fossile vers l'énergie électrique. D'ici les prochaines années, la voiture thermique pourrait être menacée d'extinction, d'autant que plusieurs pays comptent en réduire drastiquement l'usage. L'Union Européenne, par exemple, envisage de s'en débarrasser totalement. L'UE s'est fixé l'objectif d'interdire la production des voitures à moteur thermique à l'horizon de 2035. Les grands constructeurs automobiles font la course contre la montre pour électrifier leurs gammes. D'ailleurs, on n'entend parler dans leurs campagnes publicitaires que de voitures électriques.
Au Maroc, on trébuche ! Alors que le monde de l'automobile se rue vers la voiture électrique, on commence à s'y intéresser peu à peu au Maroc, mais très timidement. Quoique quelques voitures fassent leur apparition ici et là, l'appétence des Marocains pour ce genre de véhicules n'est pas aussi grande qu'ailleurs. En témoignent les chiffres de ventes qui montrent assez pertinemment l'état d'esprit du consommateur marocain qui fait toujours confiance à la voiture diesel, toujours très bon marché. Il suffit de constater les statistiques de l'Association des Importateurs de Véhicules au Maroc (AIVAM), qui, dans son rapport annuel pour 2022, a fait état d'un "poids timide" des voitures électrifiées sur le marché marocain. En effet, celles-ci ne représentent que 3,5% de la part des ventes de voitures au Maroc. Un chiffre très faible par rapport à la moyenne constatée en Europe où 45% des voitures vendues sont électriques. En plus du prix qui demeure généralement cher par rapport au pouvoir d'achat du consommateur à moyen revenu, c'est la question de l'infrastructure d'alimentation des voitures électriques qui constitue l'un des freins majeurs de leur foisonnement au Maroc. Contrairement à ce qu'on peut voir à l'étranger où les bornes de recharge sont partout dans l'espace public, on peine à en trouver autant au Royaume. Elles sont tellement peu nombreuses que le client qui veut se procurer une voiture éclectique n'ose même pas y penser. Actuellement, il n'y pas assez de données officielles sur le nombre total des bornes au niveau national, elles se comptent par centaines.
En quête de bornes précieuses ! En effet, pour que le client fasse confiance à une voiture électrique, il doit se sentir rassuré en ayant la certitude qu'il pourra recharger son véhicule partout où il veut. C'est là où ça pschitt. Il est difficile de trouver les bornes de recharge dans les villes, bien qu'on ait commencé à les installer en grand nombre dans les stations-services. Toutefois, rares celles qui y sont équipées. Ne parlons même pas de l'espace extra-urbain où il est quasiment impossible de se déplacer au-delà des autoroutes où les stations de service au niveau des aires de repos sont généralement équipées de bornes. Là aussi, il faut des progrès sachant que le réseau des bornes reste largement concentré sur l'axe Rabat-Tanger. L'une des solutions préconisées est d'équiper les espaces publics le maximum possible, nous explique Youness Mellouk, Directeur du Pôle Mobilité à Vital Energy-Maroc, une société qui offre des solutions en matière de recharge des véhicules électriques. Selon notre interlocuteur, ceci ne suffit pas puisqu'il faut, de son point de vue, mettre le parquet sur l'installation à domicile. C'est-à-dire encourager les particuliers à installer des bornes chez-eux. « Il n'y a pas meilleur moyen que d'avoir une borne chez soi », estime M. Mellouki, expliquant que, « selon les études, 90% des recharges sont à domicile ». "C'est comme le téléphone", poursuit-il. En effet, la recharge à domicile est d'autant plus avantageuse, du point de vue de notre interlocuteur, qu'elle permet de dépendre moins de la recharge à l'extérieur, du moins dans l'espace urbain. Cela s'explique par la capacité d'autonomie des voitures qui peut aller de 200 à 350 kilomètres selon les véhicules. À cet égard, plusieurs marques ont commencé à proposer des voitures bon marché avec une autonomie de 350 km. À cela s'ajoutent les avantages d'avoir une borne chez soi. Youness Mellouki en cite beaucoup, à savoir l'économie d'énergie, la facilité d'installation et leur prix accessible. (Voir trois questions). Par ailleurs, pour encourager les gens à acheter électrique, des marques ont commencé à offrir des bornes à leurs clients qui achètent une voiture d'une gamme électrique. Ce concept peut marcher si l'Etat donne un coup de pouce. "Certes, il n'y a pas d'obstacles proprement dits, mais on souhaite qu'il y ait plus d'implication de l'Etat pour promouvoir la commercialisation de voitures électriques", insiste notre interlocuteur. Un bonus-malus fera l'affaire ? L'Etat, rappelons-le, a pris certaines mesures qui vont dans le sens de l'encouragement de l'usage des voitures électriques. On en cite l'exonération de la vignette, de la taxe de luxe et des droits de douane sur les véhicules importés. Des mesures assez bonnes pour être applaudies, selon M. Mellouki, qui, tout de même, juge nécessaire de passer à une vitesse supérieure. Notre interlocuteur propose la mise en place d'un système Bonus-Malus comme font beaucoup de pays européens. Le concept est simple. Un bonus écologique est offert à chaque personne qui opte pour un véhicule électrique. En France, à titre d'exemple, le montant de la prime est plafonné à 5.000 euros pour les particuliers et 3.000 pour les personnes morales. En gros, le bonus se limite dans tous les cas à 27% du prix d'achat de la voiture électrique. En effet, cette recommandation est partagée par l'AIVAM qui la revendique également. Cette idée trouve écho chez les autorités compétentes qui songent à davantage de mesures d'incitation. Parmi les idées proposées, une prime accordée par l'Etat aux véhicules les plus économes en énergie. Toutefois, il s'agit seulement de propositions en cours de réflexion.