La nouvelle est tombée comme un couperet à Rabat. Les redoutables «sabots» sont de retour et suscitent de nouveau une onde de panique générale chez les automobilistes de la capitale. Si le doute planait depuis des mois sur le renouement avec cette méthode tant honnie par les Marocains, la maire de la ville nous confirme l'information, précisant que le retour sera graduel, à commencer par les deux arrondissements Hassan et Agdal. Seulement voilà, la question qui, pour beaucoup, se pose avec autant de pertinence que de légitimité, est de savoir à quoi tient ce rétropédalage brutal et inopiné, après tant d'avancées réalisées en faveur de la mobilité des citadins, pour qui le temps vaut de l'argent et qui devraient, en pareilles circonstances, avoir des nerfs d'acier face aux épreuves qui les attendent...
Fluidifier la circulation de la ville, limiter les stationnements «abusifs» des automobilistes, mettre fin au diktat des gilets jaunes... ce sont là autant d'arguments avancés par la mairie pour justifier cette décision. Sans oublier bien évidemment la hausse des recettes du Conseil communal, qui détient 51% de la société Rabat Parking, à travers la coercition, ce qui suscite l'ire des R'batis, déjà au bout des nerfs du fait de la crise économique. Car payer son stationnement à un prix raisonnable est une mesure ordinaire, que nul automobiliste ne pourra contester, cependant, l'immobilisation des voitures par des sabots de Denver, n'est pas l'acte le plus bienséant pour amener les citoyens à payer. D'autant que cette pratique, dont l'illégalité a été reconnue par toutes les juridictions du Royaume - dont la Cour des Comptes-, conduit souvent à des disputes, parfois brutales, entre les propriétaires de voitures et les employés des sociétés délégataires.
Les options moins « hardcore » ne manquent pas et la simple amende figure en tête de liste. Le plus judicieux serait de ne pas résoudre un problème en créant bien d'autres.