Il me plaît définitivement d'octroyer à la peinture de Ayoub Amrani ce qualificatif-valise de Figuration calligraphique ! Une calligraphie qui ne serait pas dansée comme chez Najia Mehadji mais plutôt énoncée comme une suite musicale... À partir d'un accord formel, de multiples variations quasiment infinies peuvent s'énoncer : et cet ensemble harmonique et même harmonieux prend le nom de Arpège... Bien que cet art de la suite musicale se retrouve également sublimé dans notre culture « nationale » ou locale par la musique dite andalouse et son art responsorial et antiphonique du mouachah... Un art créé lors de ce grand moment de synthèse : culturelle, esthétique, linguistique etc. que forma L'Andalousie... Et d'ailleurs, cette musique homonymique, nourrie de diverses confluences géographiques, historiques, religieuses et j'en passe formait elle-même une synthèse totale entre signifiant et signifié / image et signe ou encore abstraction et figuration puisqu'elle mariait surtout l'art du Zajal poétique arabe qui procède de la littérature écrite avec l'art de la composition instrumentale qui se dessine sur des partitions laissant liberté totale à l'interprétation... Et là-encore, on pourrait parler d'une forme d'art qui s'émancipe des rigidités canoniques pour former un art nouveau : synthétique, hybride, métisse : c'est-à-dire créole ! Et c'est cela que ma caractérisation de l'oeuvre du jeune Ayoub Amrani sous cette qualification de Figuration calligraphique entent invoquer et évoquer : un Arpègement majeur pour comprendre ce qui se joue dans le syncrétisme plastique opéré localement par certains artistes notamment marocains dont Ayoub qui refuse les manichéismes et leurs déterminismes aux fondements culturels, politiques et historiques qu'il était temps de dépasser... Pour peut-être enfin les réconcilier... Syham Weigant, critique d'art *« Arpèges majeurs », Garden Event Casablanca, jusqu'au 24 novembre 2022.