Il existe une anthologie de cette musique sur disques compacts représentant des dizaines d'heures d'enregistrement comme Nûbâ al-îsbihân enregistré par l'Orchestre du Conservatoire de Tétouan. L'orchestre se compose de musiciens-chanteurs. Les instruments sont les violons altos et violoncelles, le rbâb qui est une vièle sans manche à deux cordes en boyau que l'on frotte avec un archet en crin de cheval, le °ud qui est un luth comportant 5 ou 6 rangs de doubles cordes, le târ qui est un petit tambour de 15 cm de diamètre frappé avec les doigts et la darbûka qui est un autre tambour en terre cuite que l'on frappe avec la main ou les doigts. ORIGINES L'apparition de cette musique est liée à l'installation en Espagne d'une forte personnalité. Abdourrrahman Ibnou Nafaa, surnommé ZIRYAD (Oiseau noir), fuyant la cour de Bagdad et la jalousie de son maître Ishaq Al Mausili, arriva à la cour de Cordoue en 822. Il y imposa un certain nombre d'innovations : Elaboration des règles strictes de la Nouba (La tradition arabo-andalouse repose sur une forme stricte : la nouba. Celle-ci est une suite de pièces vocales et instrumentales d'un même mode, comprenant neuf mouvements, chaque mouvement pouvant comporter jusqu'à quarante pièces.) Définition précise des 24 modes, propres à chaque nouba. Ajout d'une cinquième corde au Oud (le luth) Mais il s'intéressa aussi à de nombreux autres domaines : astronomie, physique, mode vestimentaire ! ... D'autres théoriciens précisèrent ensuite ces règles : Al Majriti (début XI° s.) Abou-Salt Omayya (début XII° s.) Ibn Qouzman (XII° s.) Al Qourtoubi (XIII° s.) La musique arabo-andalouse, bien que reposant sur des règles très strictes, est une musique non écrite se transmettant oralement de maître à élève. Bien avant la chute de Grenade, de nombreux musiciens musulmans s'étaient repliés en Afrique du nord. La tradition musicale arabo-andalouse s'y est développée jusqu'à nos jours, particulièrement dans les villes ayant accueilli les réfugiés espagnols (Fès, Tetouan, Tanger...). C'est au contact des ensembles de ces villes que l'on peut donc retrouver les mélodies et rythmes de ces musiques, même si la tradition a continué d'évoluer à travers les siècles. Malheureusement une bonne moitié des 24 Noubas, bases du répertoire, a aujourd'hui disparu. Le répertoire poétique Il s'agit de la partie vocale de la nouba . Elle y tient une place essentielle . La nouba est composée de poèmes que l'on nomme ainsi : muwashshah zajal shugl barawal Le muwashshah : c'est une forme de poème qui est née en al-Andalus . Au Maroc sa particularité est qu'il se fond dans la nouba, il signifie ornementation, embellissement . La structure de ce poème est tripartite et on l'apparente souvent à la musique médiévale occidentale et plus particulièrement celle des troubadours. Il se divise en stance, chacune d'elle étant constitué d'un nombre variable d'hémistiches ou de vers courts . Son interprétation a un esprit responsorial : il est chanté par un choeur de quelques personnes, dirigé par un soliste qui énonce la première phrase chantée qui est ensuite reprise par le choeur . Le zajal : c'est un poème chanté en langue dialectale, il est composé de trois volets : matla ( envoi), dawr (tour), qufl (fermeture) . Le terme zajal signifie émouvoir avec la voix, chanter . Le shugl : c'est un poème chanté d'obédience populaire de la musique arabo-andalouse . Le barawal : c'est un poème chanté de langue populaire, intégré ces derniers siècles à la nouba . Ces poèmes ont traités tous les sujets sociaux , politiques, religieux ... Le muwashshah est le plus utilisé de ces formes poétiques. Il nous présente le monde de façon beaucoup plus intense que la réalité . Les andalous avaient un amour profond pour la poésie et la musique tout comme pour l'art en général, ils ont donc fait en sorte que toutes les formes d'art s'épanouissent . En général les thèmes qui reviennent le plus souvent sont la femme et l'amour dans toutes les étapes de son évolution . Les marocains ont continué de se servir de ces formes de poèmes pour leurs noubas . Ils ont aussi développé une forme de poème qui leur est propre : Le Malhun