L'Orchestre des Jeunes de la Méditerranée donne deux concerts au Maroc. Le premier le 13 juillet au jardin de la Mandoubia à Tanger, le second le 17 juillet à Asilah. L'esprit qui fonde la démarche de cet orchestre est exceptionnel. «Détrompez-vous, les instrumentistes du sud du bassin méditerranéen sont aussi doués que ceux du Nord, sinon plus !» C'est ainsi que le directeur de l'Orchestre des Jeunes de la Méditerranée, Pierre Jacques, répond à une question au sujet des différences qui existent entre l'enseignement dispensé dans les conservatoires du Nord de la Méditerranée et ceux du Sud. Il cite tout particulièrement les violonistes du Caire qui sont «exceptionnels». L'esprit et la démarche de l'Orchestre des Jeunes de la Méditerranée sont également exceptionnels. Il est opérationnel seulement l'été. Mais il recrute des musiciens tout au long de l'année. Des auditions sont faites à cet égard dans les différentes villes des pays méditerranéens et les meilleurs instrumentistes sont retenus. Le jeune violoniste marocain Adil El Achhab a été sélectionné, après une audition au Conservatoire de Meknès. Ce jeune de 24 ans ne cache pas sa fierté de faire partie d'une «prestigieuse formation». Il est particulièrement heureux de rencontrer des musiciens venus d'autres pays. Il n'est d'ailleurs le seul Marocain de l'Orchestre des Jeunes de la Méditerranée. En plus de Adil El Achhab, il existe un violoniste, un violoncelliste et deux jeunes filles qui font partie du chœur. Ils sont donc au total trois instrumentistes et deux choristes marocains qui vont jouer avec cet orchestre tout au long des concerts qu'il donnera cet été. La direction musicale a été confiée cette année à Roland Hayrabedian. Ce dernier a commandé des œuvres à deux jeunes compositeurs contemporains. Caroline Marçot et Jean-Louis Agobet ont écrit leurs compositions autour du thème de l'amour. Caroline Marçot a réservé une large place dans sa composition à l'amour courtois arabe, le ghazal. Des phrases musicales arabes existent dans son oeuvre. Le programme de l'orchestre comprend également « L'amour sorcier », une œuvre de Manuel de Falla, le plus grand compositeur espagnol du XXe siècle. Le chef d'orchestre insiste sur l'importance de jouer des compositeurs contemporains. «Il est plus intéressant de faire découvrir aux jeunes des compositions contemporaines que des œuvres du répertoire. Ils s'ouvrent ainsi à une nouvelle musique, à un nouveau monde». Pierre Jacques étaye les propos du chef d'orchestre : «Les jeunes instrumentistes ont généralement une idée abstraite des compositeurs. Ils ont l'habitude de jouer des musiques composées par des hommes morts. Jouer les contemporains est une expérience vivifiante pour eux». Cette expérience permet également aux musiciens de se confronter à la musique d'aujourd'hui. La confrontation est d'autant enrichissante que les compositeurs sont présents. Ils sont à l'écoute des musiciens. À signaler que l'Orchestre des Jeunes de la Méditerranée a été créé en 1984 conjointement par le Ministère de la Culture français et la Région PACA. Il est établi à Marseille. Il a bien évolué depuis sa création, mais l'esprit qui le fonde est demeuré intact. L'orchestre a été à cet égard réduit. Il ne s'agit plus d'une grande formation, mais d'un orchestre dit Mozart. Il se constitue de 38 instrumentistes et de 28 choristes. L'autre innovation dans cet orchestre a trait à la voix. Un chœur a été intégré à l'orchestre. Le chant est une composante de la culture méditerranéenne. La voix est même ce qui caractérise le mieux les musiques du bassin de la Méditerranée. Cette innovation enracine encore plus cet orchestre dans la terre qu'il célèbre par le chant et la musique.