Dans le cadre du 5ème Congrès des pharmaciens marocains, les professionnels de ce secteur névralgique de la politique sanitaire ont dévoilé leur vision des grandes mutations du secteur pharmaceutique au Maroc. Engager une discussion responsable sur les déséquilibres qui affligent le secteur pharmaceutique et dégager des pistes de solutions pour donner un nouvel élan à ce secteur, tels ont été les principaux objectifs du « cinquième Congrès du monde des pharmaciens marocains », organisé samedi à l'occasion de la journée internationale des pharmaciens, commémorée le 25 septembre de chaque année. Dans le discours d'ouverture du Congrès, Mohamed Salmi, président et fondateur de l'association «Mpharma », a regretté certaines pratiques liées au domaine. Tout en soulignant que le secteur pharmaceutique « gémit sous des circonstances difficiles dues principalement à son cadre juridique fragile qui ne répond pas aux changements présents ». Dans ce sens, les pharmaciens ont mis le point sur les dysfonctionnements que connaît le secteur pharmaceutique au Maroc. Désormais, certaines pharmacies subissent des conditions économiques difficiles, surtout l'obsolescence du cadre juridique régissant la profession et l'émergence de la vente des médicaments hors du cadre légal. Dans ce sens, les acteurs du secteur pharmaceutique ont indiqué que cette situation devient de plus en plus difficile à maîtriser en raison de la faible coordination avec le ministère de tutelle. Dans ce contexte, afin de réussir le chantier de la mise à niveau du secteur, le cinquième Congrès du monde des pharmaciens marocains a signalé l'importance de faire du pharmacien « un partenaire essentiel dans le projet de protection sociale ». D'ailleurs, Dr Bouzoubaa, secrétaire général de la Confédération des syndicats des pharmaciens au Maroc, a précisé que le pharmacien est « un acteur inédit dans le domaine de la Santé », notant qu'il faut lui donner l'occasion de « faire part de son expertise dans la mise en œuvre de la politique sanitaire en tant que secteur clé pour le développement du Royaume ». Et d'indiquer que « le succès de la nouvelle politique de santé dépend principalement de l'implication de toutes les parties prenantes». Dans le cadre du congrès, les pharmaciens sont revenus sur le droit de substitution qui est l'un des sujets les plus récurrents entre les pharmaciens et les médecins. Il s'agit, pour les premiers d'avoir le droit de remplacer un médicament prescrit par un médecin par un générique, en cas de rupture de stock. Cela va permettre, selon Dr Bouzoubaa, de réduire le déficit des caisses d'assurance-maladie mais aussi de faciliter l'accès aux médicaments dans les brefs délais. Outre le droit de substitution, celui relatif aux tests rapides de diagnostic a également fait partie des points de discussion lors du congrès. Il s'agit, selon les pharmaciens, de leur autoriser de faire les tests de diagnostic rapide en coordination avec le ministère de la Santé et les centres de santé du Royaume. S'ajoute à cela le droit de faire le suivi de près des citoyens concernés. En fin de cette réunion, le corps du secteur pharmaceutique a rappelé l'importance de la prise en compte de ses propositions dans la mise en œuvre des politiques liées au domaine de la Santé, notamment les modalités de détermination des prix de vente des médicaments et le projet de loi-cadre relatif au système de santé. Ils ont ainsi appelé à la mise en place d'une nouvelle loi concernant la digitalisation du secteur pharmaceutique afin d'éviter les dommages qui peuvent avoir lieu en raison de la circulation des médicaments hors du circuit légal. Contre la vente en ligne des médicaments La commercialisation des médicaments en ligne et l'émergence de pharmacies virtuelles suscitent de plus en plus la colère des professionnels du secteur pharmaceutique, pour la simple raison que ces chaînes de vente ne se conforment ni à la chaîne de commercialisation des produits pharmaceutiques ni aux procédures légales et administratives en vigueur. A cet effet, les professionnels du secteur appellent le ministère de la Santé et de la Protection sociale à adapter les textes de loi en vigueur aux nouvelles mutations que connaît le secteur, surtout après, l'émergence de nouvelles chaînes de vente et de distribution des produits pharmaceutiques. Dans ce sens, Dr Amine Bouzoubaa a indiqué que nombreuses sont les plateformes en ligne qui continuent de promouvoir des produits pharmaceutiques et qui sont inconscientes de la gravité de leur comportement.