Suite à la recommandation d'une commission du Sénat, les Etats-Unis s'apprêtent à construire une architecture de défense intégrée avec leurs alliés dans le monde arabe qui permettrait à plusieurs pays, dont le Maroc, d'avoir accès à des dispositifs de défense aérienne et antimissile. Ceci pourrait ouvrir la voie au déblocage de la livraison des drones « Sea Guardian », qui dépend de l'aval du Congress. Il va sans dire que Rabat et Washington sont des partenaires de longue date sur le plan militaire. Ce partenariat multidimensionnel est tellement important que le Royaume achète 90% de son armement des Etats-Unis. Ce à quoi s'ajoute les exercices conjoints, où presque 100 exercices se tiennent chaque année entre les FAR et l'US Army dont le fameux « African Lion ». Malgré les obstructions du lobby pro-polisarien pour suspendre cette coopération, celle-ci avance, bien que plusieurs contrats d'armement restent toujours bloqués au Congress, à l'instar des Drones « Sea Guardian MQ-9B », et d'autres dispositifs de défense aérienne... L'année prochaine pourrait marquer un tournant d'autant que certains législateurs américains s'activent pour renforcer la coopération militaire avec le Royaume et plusieurs pays alliés des Etats-Unis dans le monde arabe, et ce, à la veille de l'adoption du Budget de 2023. La Commission des crédits au Sénat a recommandé à l'administration américaine de renforcer le soutien financier lié à la coopération militaire aux pays ayant signé les accords d'Abraham, à savoir le Maroc, les Emirats arabes unis, le Soudan et le Bahreïn, en plus de l'Egypte et de la Jordanie qui ont précédé les pays susmentionnés dans la signature des accords de paix avec Israël. Dans le cadre de l'aide militaire, la Commission sénatoriale recommande « d'établir des réseaux intégrés de défense aérienne entre ces pays et Israël, y compris pour contrer les attaques de missiles et de systèmes d'avions sans pilote par l'Iran et ses mandataires », comme le précise le texte de loi, qui fait allusion à la menace iranienne sur les pays arabes, dont le Maroc qui a accusé Téhéran de soutenir militairement les milices du polisario avec la complicité de l'Algérie. Ceci dit, l'administration de Joe Biden est invitée à augmenter les capacités de défense anti-aérienne des pays qui figurent sur la liste, y compris le Maroc. Cette recommandation a figuré dans le texte à l'initiative de plusieurs sénateurs républicains et démocrates sous l'impulsion de la sénatrice républicaine de l'Iowa, Joni Ernest, membre du Comité sénatorial des forces armées. Celle-ci a déposé, en juin dernier, une proposition de loi « Defend act » qui appelle le département de la Défense à renforcer la coopération militaire avec les alliés des Etats-Unis dans le monde arabe de sorte à créer une architecture de défense commune afin de contrer la menace iranienne. Cette architecture devrait être basée sur la défense antimissiles et anti-aérienne et ouvrirait la voie aux pays bénéficiaires d'avoir accès à des dispositifs sophistiqués. La loi ne cite pas quel type d'armement, ce qui est sûr pour le moment c'est que l'objectif d'une telle démarche est de « construire un système intégré de défense aérienne et antimissile ». Aux yeux des rédacteurs de la proposition de loi, il s'agit d'une réaction à une attaque de drone contre le consulat américain en Irak. Au sein de cette nouvelle architecture de défense, le Royaume est bel et bien présent et pourrait profiter de cette occasion pour accélérer les contrats d'armement toujours en stand-by à cause de leur blocage au Congress qui n'a toujours pas autorisé la vente des drones « Sea Guardian », commandés à l'époque de l'administration Trump. Cette commande a été annoncée au lendemain de l'accord tripartite, le Maroc a commandé quatre exemplaires du drone américain de combat, dont le coût unitaire est estimé à environ 13 millions de dollars. Leur livraison dépend toujours de l'aval du Congress.