Le rideau est tombé sur la campagne betteravière de la région Doukkala-Abda, enregistrant un total de 800.000 tonnes de betterave à sucre traitées, soit près de 75 T/ha. Un bilan légèrement en hausse par rapport à l'année précédente, malgré une conjoncture particulièrement difficile, marquée par une pénurie d'eau, mais aussi par une diminution du nombre d'agriculteurs et par la hausse des prix des engrais azotés. La superficie cultivée a été de 12.840 ha, répartis sur 3.444 parcelles, affirme Abdelkader Kandil, président de l'Association des Producteurs de Betterave Doukkala Abda, qui ajoute que le déficit pluviométrique bien élevé par rapport à la campagne agricole précédente n'a pas été sans impact. Il s'est fait ressentir principalement sur les cultures sucrières, dont le programme a été réduit pour bénéficier uniquement aux agriculteurs en périmètre irrigué à partir des eaux souterraines. Pour faire face au handicap des eaux d'irrigation, la commission technique agricole a autorisé les agriculteurs à faire usage des eaux des puits pour éviter toute problématique liée à la rareté des eaux, assure une source responsable. « Cette situation a amené la Cosumar à déployer d'énormes efforts en termes de financement des puits, mais aussi de l'énergie électrique et d'autres matériaux de pompage, pour assurer le bon déroulement de la campagne betteravière 2021-2022 », a relevé Abdelhadi Hasnaoui, directeur de Sucrerie des Doukkala. Par ailleurs, face à la diminution du nombre d'agriculteurs, à la pénurie d'eau d'irrigation, à la hausse du prix de l'azote, ainsi qu'à sa sous-utilisation, la Cosumar a mis en place un système basé sur la technique de la condensation des cultures. « Elle consiste à augmenter le peuplement par hectare, diminuant ainsi l'espacement entre les plantes afin de réduire les pertes en tonnage à hauteur de 20% », assure de son côté Omar Amrani, agriculteur à Oulad Amrane. Commentant les prix particulièrement élevés de l'urée 46, Abdelhak Grich, producteur de betterave au périmètre de Sidi Bennour, a souligné qu'entre mars 2021 et mars 2022, le prix de l'urée 46 a en effet grimpé de 225% sur le marché mondial. « Au Maroc, il a frôlé le seuil de 1.500 DH par quintal, contre 450 DH avant la pandémie », explique Abdelhak. Cependant, le taux de sucre enregistré lors de cette campagne reste selon la quasi-totalité des producteurs rencontrés, l'une de leurs rares consolations. Avec un taux de sucre de l'ordre de plus 18% contre 17% et 16%, respectivement en 2020 et 2021, le stress hydrique a en effet eu un impact positif sur la betterave sucrière. « La pénurie d'eau par plante lui a permis de sécréter une plus grande quantité de sucre », rebondit l'agriculteur Omar Amrani.