Le Collectif Autisme Maroc, le Collectif pour la promotion des droits des personnes en situation de handicap (CPH), ainsi que l'Association Inclusion et Handicap, réfléchissent à de nouveaux mécanismes de développement inclusif. - Le Collectif Autisme Maroc, le Collectif pour la promotion des droits des personnes en situation de handicap, ainsi que l'Association Inclusion et Handicap, qui a conçu et dirigé le deuxième centre de rééducation au Maroc, le Centre Salmia de rééducation et de réadaptation, se réunissent ce jeudi. Pouvez-vous nous en dire plus ? - La rencontre scientifique, qui sera organisée en partenariat avec la Faculté des Sciences de l'Education de Rabat, portera sur le thème : « Faire progresser les droits des personnes handicapées : efficience et réalisation ». Elle se tient en hommage à la mémoire de deux militants des droits de la promotion et de la protection des droits de l'Homme, en général, et des droits des personnes en situation de handicap, en particulier, en l'occurrence feu Mohammed El Khadiri et feue Soumia Amrani. Tous les deux ont oeuvré pour la promotion des droits des personnes en situation de handicap, la recherche, le réseautage et le développement inclusif. Je tiens à rappeler que Mohammed El Khadiri a participé à la rédaction du Rapport alternatif présenté au Comité international des droits des personnes handicapées, dans le cadre de la Convention des droits des personnes handicapées que le Maroc a ratifiée en 2009 et coordonné la présentation de ce Rapport au Comité international à Genève en 2017. Suite à cette rencontre, nous allons élaborer des rapports et observations dans l'espoir de voir la mise en oeuvre de textes d'application de la loi-cadre N° 97-13 relative à la protection et la promotion des droits des personnes en situation de handicap. Ces textes d'application ne sont même pas réfléchis. - En attendant la mise en application de ces textes... - En attendant, il est nécessaire de changer de regard sur les personnes en situation de handicap en s'appuyant sur les principes des droits de l'Homme dans le cadre d'une Charte nationale pour faire promouvoir les droits de cette catégorie et faire avancer ses droits dans le cadre des obligations découlant de la Convention relative aux droits des personnes handicapées et d'autres traités de droit international ratifiés par le Royaume. Il faut continuer la sensibilisation de la société aux droits de cette catégorie, à renforcer les mécanismes de protection et à améliorer la participation politique des personnes en situation de handicap, en plus de développer leur participation effective dans divers aspects de la vie, en renforçant le processus d'éducation inclusive et de santé sans discrimination. - Le ministre de la Solidarité, de l'Insertion sociale et de la Famille s'apprête à relever un grand défi, celui d'assurer la scolarisation de tous les enfants en situation de handicap. Quel commentaire en faites-vous ? - J'espère qu'on réussira ce pari. Il faut savoir qu'au Maroc, les problèmes de santé mentale ou physique touchent des centaines d'enfants. Sans parler de celle qui n'est même pas diagnostiquée. Face à ce chiffre, pour le moins alarmant, la réalité de cette population ne l'est pas moins. La grande majorité vit dans l'isolement total et complètement à la marge de la société. Jusqu'à aujourd'hui, les seules personnes qui militent pour assurer une prise en charge décente aux autistes sont leurs propres parents. Nombreux sont ceux qui, ne sachant quoi faire d'eux, recourent à la solution radicale. A la souffrance de se trouver face à une maladie qu'ils ne connaissent pas s'ajoute celle de mener le dur combat de les éduquer et de les former. A la souffrance du quotidien mené s'ajoute celle de les éduquer et de les former. Malgré les efforts engagés ces dernières années pour le handicap au Maroc, il reste beaucoup à faire. Que ce soit dans l'accès aux soins, à l'instruction ou encore à l'emploi, la discrimination des enfants et des personnes handicapées persiste. Nous souhaitons vivement que les acteurs dans le champ du handicap puissent travailler main dans la main pour qu'ils projettent des actions communes afin de faire respecter les droits de ces personnes et améliorer leur situation. Recueillis par Safaa KSAANI Portrait Ardent militant du handicap
Président de la Commission régionale des droits de l'Homme de Fès-Meknès, Abdelmajid Makni est né en 1960 à Rabat. Titulaire d'une licence en Sciences Politiques en 1988 à la Faculté des Sciences Juridiques et Economiques de l'Université Mohammed V à Rabat, Makni est le coordinateur Régional de l'Agence de Développement Social dans la Région de Fès-Boulemane depuis 2007. Makni est formateur dans le domaine de la gestion associative, du renforcement humain durable et de la mobilisation de ressources locales. Représentant de diverses ONG internationales au Maroc, dont « People Health Movement », il a initié et réalisé des programmes communautaires dans le domaine de l'enfance et de l'handicap. Consultant auprès de diverses organisations non-gouvernementales, Abdelmajid Makni est depuis 2021 président du Collectif pour la promotion des droits pour les personnes handicapées, succédant ainsi à feu Mohammed El Khadiri. Il a contribué à la publication et la réalisation de divers ouvrages et articles dans les domaines de l'enfance, l'handicap et la réadaptation à base, dont le livre sur le handicap au Maroc «In Our Own Words» en 1997.