Le Club des magistrats du Maroc, accueillant dans ses rangs des juges et des procureurs en exercice dans les différentes juridictions du Royaume, a tenu, le 13 juillet, une réunion d'urgence après que le procureur général du Roi près la Cour d'appel de Casablanca ait annoncé que le parquet général a donné ses instructions à la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) à Casablanca pour diligenter une enquête sur la véracité du contenu de l'enregistrement vocal polémique. Deux juges ont échangé, lors dudit entretien téléphonique, avec une magistrate que «90% des avocats sont des escrocs qui portent atteinte à l'image de la justice». Un échange téléphonique qui a fuité dans la soirée du 8 au 9 juillet. Par ailleurs, l'audio en question a évoqué une affaire qui concerne deux individus poursuivis en état d'arrestation à Casablanca dans le cadre d'un dossier criminel. Le même jour, les robes noires ont organisé un rassemblement en scandant différents slogans prônant l'indépendance judiciaire. Tout en s'abstenant de commenter cette affaire puisqu'elle fait désormais l'objet d'une enquête judiciaire, le Club des juges marocains a affirmé son rejet des diverses formes d'ingérence dans l'autorité judiciaire, «quelle qu'en soit la source». De son côté, le barreau de Casablanca estime, dans un communiqué daté du 12 juillet, que ledit entretien téléphonique « nuit à l'indépendance de la Justice » et « touche dangereusement à des principes constitutionnels », notant que cet enregistrement vocal « contient des accusations graves et une ingérence dans la profession d'avocat». Faisant part de son inquiétude, le barreau estime que cet échange ayant lié « une conseillère près la Cour de cassation et ancienne membre du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire au président de la Chambre criminelle de la Cour d'appel de Casablanca constitue une ingérence dans la justice et une violation du principe d'indépendance de la justice », mais aussi « une influence sur les magistrats dans le cadre du prononcé de leur décision ». Cette affaire a rappelé que l'indépendance de la justice demeure l'un des paris sociétaux fondamentaux pour construire un système national d'intégrité, et que l'ingérence dans les affaires judiciaires est une violation flagrante de cette indépendance et des exigences constitutionnelles. Consciente que les avocats et les magistrats se sont rangés du côté de la justice indépendante, l'Association marocaine de lutte contre la corruption (Transparency Maroc) a apprécié l'engagement du corps judiciaire, du Président délégué du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire, ainsi que du Procureur général du Roi près la Cour de Cassation, de prendre les mesures nécessaires pour l'immunisation de la justice contre l'ingérence et la corruption.