Alors que la sécheresse et la baisse des retenues des barrages menacent l'approvisionnement en eau du Maroc, le ministère de tutelle sévit contre l'extraction non autorisée d'eau des puits profonds pour se prémunir contre l'épuisement des eaux souterraines. Si la période de sécheresse engendrée menace de plus en plus l'approvisionnement en eau du pays, la répression des puits illégaux s'avère, selon la tutelle, une mesure préventive incontournable. 91% des puits sont non autorisés au Maroc, a révélé le ministre de l'Equipement et de l'eau, Nizar Baraka, lors de la séance des questions orales de mardi 12 juillet à la Chambre des Conseillers, notant que ce constat intervient après le processus d'inventaire et de suivi des puits réalisé par les Agences des bassins hydrauliques en coordination avec les autorités locales. Une action venue comme un plan d'urgence suite à la tragique affaire du petit Rayan qui est tombé, le 1er février 2022, dans un puits de 32 mètres. Si la mort de Rayan a mis en lumière des puits illégaux et dangereux qui menacent la sécurité des personnes, elle a également révélé un taux alarmant de forages en eau profonde qui menace également les niveaux des eaux souterraines. Afin de lutter contre ces enjeux, un guichet unique sera mis en place pour faciliter les démarches d'obtention d'une autorisation d'utilisation des puits, indique Nizar Baraka, soulignant que le problème des puits non autorisés constitue un obstacle pour le ministère en termes de détermination précise de la quantité d'eau utilisée dans les zones rurales. Gestion du stress hydrique : Un leadership national s'impose En effet, ce diagnostic permettra d'identifier les risques communs aux systèmes hydriques de notre pays, et de soutenir des solutions et des efforts conjoints en réponse afin d'améliorer la gestion de la sécurité de l'eau au Maroc. La situation hydrique au Maroc «est le résultat de la rareté des précipitations pluviales et de la diminution des ressources en eau de surface et souterraine et de l'évaporation, sans parler de la forte consommation d'eau», a relevé le responsable gouvernemental, mettant en garde que les ressources en eaux souterraines sont sous forte pression et que les actes de vol coûtent cher à notre pays, notamment au niveau de la rivière Oum Rabie, où environ 1 million de mètres cubes sont volés par jour, soit 300 millions de mètres cubes par an. Dans ce sens, le stress hydrique a souligné la nécessité d'améliorer la sécurité de l'eau et a appelé à un leadership et à une collaboration nationale accrue sur la question. Ainsi, lors de la séance des questions orales, le ministre a mis en avant les mesures prises par son département pour sécuriser l'approvisionnement en eau. Il a précisé qu'un comité de pilotage a été formé pour suivre la diffusion des programmes lancés. Ce comité, qui regroupe les secteurs concernés sous la tutelle du ministère de l'Equipement et de l'Eau, suit de près la mise en œuvre des projets prévus et propose des solutions en fonction de l'évolution de la situation hydrique. Données alarmantes Selon les données officielles fournies par Baraka, les précipitations au cours de l'année en cours ont connu une baisse significative, elles variaient entre 11 et 325 millimètres, ce qui représente un déficit de 50 % par rapport à l'an dernier. Un autre facteur révélé par le ministre est la diminution de la quantité de neige qui tombe chaque année. Elle couvrait, selon Baraka, une superficie d'environ 45.000 kilomètres carrés, mais cette année, cette superficie est tombée à 5.000 kilomètres carrés, soit une baisse d'environ 89 %, ce qui a considérablement affecté la réserve d'eau. Les retenues des principaux barrages du Royaume ont atteint aujourd'hui plus de 4,78 milliards de mètres cubes (m3), a alerté le ministre, soit une baisse de 800 millions de m3, par rapport au mois d'avril durant lequel ce chiffre était de plus de 5,52 milliards. A la même date de l'année écoulée, les réserves de barrages ont accumulé plus de 8,19 milliards de m3, soit un taux de remplissage de 50,8%. Face à cette situation, le ministre a indiqué que les programmes de dessalement d'eau de mer se poursuivent dans un certain nombre de villes comme Agadir. Ces dispositifs seront bientôt déployés à Casablanca et Nador, pour s'ajouter aux solutions de forages dans les zones en difficulté d'approvisionnement. Parmi les solutions envisagées, le ministre a également évoqué la nécessité d'utiliser les eaux usées traitées pour irriguer les espaces verts et les zones agricoles, notant à cet égard que certains pays allouent environ 60% des eaux traitées à ce secteur.