L'Assemblée nationale a rejeté lundi la motion de censure de gauche du gouvernement d'Elisabeth Borne, qui avait dénoncé par avance un «pr ocès d'intention», là où la Nupes y voit une «clarification». Les députés français ont rejeté lundi la motion de censure de l'alliance de gauche Nupes contre le gouvernement, qui n'a été voté que par 146 députés. «Cette motion de défiance tiendra lieu de clarification politique» pour qui se trouve dans l'opposition, avait plaidé auparavant la cheffe de file du groupe LFI Mathilde Panot face à la Première ministre Elisabeth Borne. Arithmétiquement, la motion n'avait que très peu de chance d'aboutir, puisque seuls les 146 députés sur 151 de la Nupes ont voté en faveur de cette motion de censure, alors que 289 étaient nécessaires pour faire Tomber Elisabeth Borne. Toutefois, cette journée a donné un avant-goût à la Première ministre de ce que serait l'ambiance dans l'hémicycle sous cette législature, avec de multiples passes d'armes. Tout d'abord, Mathilde Panot, chef de file des députés insoumis qui présentaient la motion de censure, a attaqué frontalement la légitimité d'Elisabeth Borne : «Vous ne tirez donc votre légitimité ni des élections législatives, ni même du Parlement, à qui vous n'avez pas demandé s'il vous faisait confiance pour conduire la politique de la nation. En d'autres termes, vous êtes à cette fonction une anomalie démocratique», a-t-elle lancé. Elisabeth Borne est montée au pupitre dans la foulée pour répondre aux attaques de Mathilde Panot, dénonçant «une motion de posture» et défendant sa légitimité. Débats houleux entre le RN et la Nupes Dans l'hémicycle du palais Bourbon, ce n'était pas seulement tendu entre la majorité et la Nupes, mais aussi entre la Nupes et le RN. Il est hors de question pour le parti de Marine Le Pen de laisser la place de premier opposition à Emmanuel Macron à l'union de la gauche. Alexandre Loubet, député RN de Moselle - tout en tapant sur le gouvernement - a aussi pris à partie avec vigueur les membres de la Nupes, les qualifiant d'«héritiers de cette extrême gauche qui ne veut pas gouverner, qui a toujours détesté la cinquième République et qui veut la détruire. Votre motion de censure n'a aucunement pour but de défendre la France et les Français, mais seulement de faire avancer votre projet de déconstruction. Ne comptez donc pas sur les députés du Rassemblement national», a-t-il déclaré devant l'hémicycle. Le RN, comme les Républicains, n'a donc pas voté la motion de censure. Avec cette manoeuvre, la Nupes a voulu tenter un coup politique et être l'opposant numéro un au gouvernement. Mais il est tout à fait possible qu'aux yeux des Français, cette affaire donne de la légitimité à Elisabeth Borne. Ils viennent de rappeler qu'une majorité, même relative, reste une majorité.