Lors des fêtes religieuses telles Aïd Al Adha, les gares de transport public connaissent un afflux monstre de passagers souhaitant partager la joie avec leurs familles. A Casablanca et plus précisément à l'emblématique gare Ouled Ziane, le chaos règne : désordre, vandalisme et flambée des prix. Il est 10 du matin, devant la gare routière de Ould Ziane, qui à chaque occasion festive connait des scénarios apocalyptiques, les voyageurs ne se font, étonnamment, pas nombreux...du moins pas encore. «Même si vous ne voyez pas beaucoup de monde, toutes les places sont réservées. Nous prendrons la route après la prière de la Joumouâ», nous indique un vendeur de tickets sur place, ajoutant que dans une heure l'esplanade de la gare sera pleine à craquer. En effet, quelques heures plus tard, changement de décor. Les voyageurs envahissent l'espace, la tension monte entre les responsables d'autobus et les «Chennaka» (intermédiaires), les courtiers se décarcassent en courant derrière les passagers pour les démarcher et les autorités locales doublent la vigilance pour maintenir l'ordre. Pour ces dernières, l'enjeu des trois prochains jours est d'éviter un remake des scénarios cauchemardesques des années précédentes.
«Si les autorités veulent maintenir l'ordre, elles doivent dégager les bandits qui menacent notre gagne-pain», dénonce un chauffeur d'autobus sur un ton agressif. Lui et ses collègues arpentent l'esplanade de la gare pour aider les voyageurs à se procurer des billets d'autocar et leur éviter de se faire arnaquer. Ceci n'est pas un luxe, explique-t-il, du fait que les prix de billets sont déjà chers, si on en rajoute une couche, les gens vont fuir tout simplement. En effet, les voyageurs se plaignent de l'exagération des vendeurs. « Nous pouvons accepter les hausses des prix durant cette période où les transporteurs essaient de compenser les autres temps où l'afflux est beaucoup moins important. Mais elles doivent être raisonnables», déplore Mohammed, chef d'une famille de quatre personnes et qui pour se rendre à Fès devrait débourser 750 dirhams.
Une petite vérification chez les intermédiaires suffit pour confirmer l'abus dénoncé par ces derniers. Des hausses qui varient d'une destination à l'autre et qui peuvent atteindre 100% de surcoût.
« Depuis une heure que je déambule ici à l'esplanade, chaque gamin me propose une place à un prix différent de l'autre. Je me méfie d'eux. Une peur viscérale se déclenche en moi quand quelqu'un d'eux s'approche de moi », nous déclare une jeune femme souhaitant se rendre à Taounate.
A 16H, les employés ayant terminé leurs shifts commencent à remplir à leur tour l'esplanade de la gare, alors que les bus se comptent sur les doigts d'une main. La soirée s'annonce dure, mais surtout chaotique !