Par Hassan Alaoui La politique extérieure des Etats-Unis va-t-elle changer avec l'arrivée de la nouvelle ou le nouveau président des Etats-Unis ? Il va de soi que cette interrogation ne peut trouver de réponse qu'au lendemain de ce mardi 5 novembre, mais elle se pose d'elle-même, impérativement aux analystes et à tous ceux qui suivent l'actualité américaine. La campagne électorale pour la présidentielle a été marquée, notamment lors des derniers jours, par de virulentes polémiques comme on n'en a jamais vu, par le passé. L'échange d'arguments a cédé la place aux invectives quand ce n'est pas aux insultes. Cependant, il est un fait remarquable qu'il convient de souligner, c'est que Donald Trump, chef de file des Républicains se trouve en face de « trois candidats » et adversaires et non certes des moindres : Kamala Harris, Barak Obama et bien entendu Joe Biden. Ils sont montés ou remontés sur la scène, au créneau avec la conviction chevillée au corps que face à Trump, non seulement Kamala Harris pourrait ne pas relever le défi et faire le poids face à son redoutable adversaire, mais deux autres handicaps la guettent : elle est une femme et elle est noire. L'histoire des Etats-Unis, excepté le cas de Hillary Trump, n'a jamais été confrontée à ce tropisme. Lire aussi : À une semaine des élections, Harris et Trump au coude-à-coude Quand bien même, la candidate démocrate semblerait bénéficier de soutiens importants de son parti, du couple Obama, des riches hommes d'affaires, du monde des arts et de la culture, des populations de couleur, d'une frange significative des étudiants, son expérience au niveau du débat politique et diplomatique international reste quelque peu réduite voire dérisoire, pour la bonne raison que le président Joe Biden, qui est son seul mentor, ne l'a pas associée à son action internationale. Je dirais même qu'il l'a marginalisée, la confinant dans sa zone de confort de vice-présidente sans nul prisme sur l'action des Etats-Unis. Joe Biden, leader démocrate, est aussi quelque part un théocrate. Il a fallu exercer de puissantes pressions pour le dissuader de se représenter à un deuxième mandat présidentiel, et laisser le champ libre à sa vice-présidente , Kamala Harris, partie in extrémis dans la course, sauver les meubles et la face d'un parti démocrate démantelé et affaibli avec Obama qui n'a tenu tête ni aux Russes, ni aux Iraniens...Autant dire que si le vote des communautés noire, afro-américaine et latino-américaine lui son acquis, celui de la communauté juive lui échappera à coup sûr, ses récentes prises de positions réservées sur la conflit israélo-palestinien lui ayant coûté cher. Biden, quant à lui reste en effet aligné sur la défense irrémédiable du régime de Netanyahu, tout comme beaucoup d'autres responsables américains. Joe Biden quitte la Maison Blanche , en laissant à sa vice-présidente un brouillamini d'héritage et beaucoup de non-dits. Sur l'Ukraine dont les dirigeants – à commencer par Volodimir Zelenski – lui en veulent, désespérés qu'ils sont d'avoir attendu si longtemps les fameuses armes de l'OTAN et l'aide militaire promise par le président américain, que l'Ukraine n'a jamais ou pas encore reçus. Ensuite le dossier explosif de la Palestine, notamment du génocide des populations de Gaza alors que l'opinion publique américaine est plongée dans une crise morale, et Biden continue de fournir des armes redoutables à l'armée israélienne. Blinken a effectué depuis octobre 2023 pas moins de onze visites au Moyen Orient, demeurées sans succès et vaines. Le bras de fer – feutré pour l'instant – avec la Chine à propos de Taiwan nous rappelle la diplomatie de la canonnière des premières années du XXème siècle, Tous ces faits constituent de toute évidence des défis majeurs auxquels sera exposé le futur président américain. La campagne électorale américaine est un miroir, où se reflètent des considérations implacablement contradictoires. Or, jamais campagne présidentielle n'a été si intense et violente même. Jamais également le camp démocrate n'a été soumis à une si grande pression des sondages volatiles de dernière minute. Un renversement perceptible se dessinerait-il en faveur de Donald Trump ? Biden joue-t-il en fin de compte un rôle négatif voire défavorable à la candidate démocrate ?