Rien ne va plus du côté de la gare routière Ouled Ziane à Casablanca. À quelques jours de Aïd Al Adha, la gare casablancaise s'est déjà métamorphosée en un gigantesque fatras d'hommes criants et de fers rugissants. Ce rien, ce sont des hommes-guichets ambulants aux airs louches, appelés faussement «courtiers» et qui squattent farouchement l'esplanade et l'intérieur de la gare ; des billets -quand il en reste- achetés au triple de leur prix réel ; des mendiants à la pêle-mêle qui guettent le plus débonnaires des voyageurs ; et des autocars appelés en renfort par autorisations exceptionnelles pour supporter l'affluence massive des voyageurs. Ce scénario peut, certes, se répéter un peu partout à travers les villes du royaume, mais Ouled Ziane reste tout de même la plus grande gare routière du pays. «Cette année, ce seront 800 à 1000 autocars qui prendront le départ, les deux derniers jours avant l'Aïd», explique ce chauffeur. «Nous avons rajouté une desserte pour la ville de Tiznit, soit trois départs par jour», argumente une réceptionniste chez la SAT (Transport autocars Transmaghreb). Pourtant, certaines sociétés de transport ont dérogé à cette règle. «Nous n'avons pris aucune mesure d'exception, ni dans la flotte, ni dans les horaires», nous explique-t-on du côté de «Maroc Express» qui a préféré rester sur ses standards de l'année. Khouribga à 100 Dhs... Sur les devantures des billetteries, les prix affichés ne ressemblent en rien à ceux vendus à la criée. «Un aller simple pour Khouribga atteint facilement les 80, parfois les 100 dirhams la veille de l'Aïd», explique ce graisseur. Le même billet est vendu chez la CTM à 40 dirhams...Pour ce dernier, comme pour les officiels, la spéculation est devenue une tradition. Et même si les autorités locales insistent sur le contrôle des prix, aucun texte de loi ne fixe le tarif d'un billet de voyage. «Comment voulez-vous organiser cet espace avec tous les repris de justice qui s'arrachent les voyageurs potentiels. Nous sommes dépassés», s'étonne notre chauffeur. Pour trouver un soupçon d'explication à ce qui se passe la veille de l'Aïd à la gare de Ouled Ziane, nous nous sommes tournés vers la délégation régionale du transport : aucune réponse. Ce qui n'est pas le cas de l'ONCF, par exemple. À chaque occasion (fêtes, vacances, augmentation des prix des billets), l'Office ne lésine pas sur les moyens pour communiquer. Cette fois-ci, il met en place «un programme spécial de circulation des trains à l'occasion de Aïd Al Adha», avec des horaires cadencés entre le 25 novembre et le 6 décembre prochains. Petit détail : même si le billet pour Khouribga ne coûte que 31 dirhams, l'Office conseille néanmoins aux passagers de «se procurer des billets aller-retour à l'avance pour éviter les encombrements que connaissent pareilles occasions...». Le voyageur n'a, en fin de compte, que l'embarras du choix : un billet à 100 dirhams en autocars ou un encombrant à l'intérieur des voitures des trains.