L'hydrogène vert s'est imposé comme l'un des meilleurs candidats pour décarboner les filières dépendantes de l'électricité et le Royaume a tous les atouts pour devenir un fournisseur clé pour le vieux continent. Nous sommes en 2050 et le Maroc a efficacement relevé le défi d'enrayer le changement climatique, et a activement établi un système énergétique zéro carbone abordable et fonctionnel, l'hydrogène en constituant l'épine dorsale. Cette image est tout à fait réalisable. Le Maroc, qui pourrait commencer la production d'hydrogène vert « made in Morocco » d'ici trois ans, a tous les atouts pour devenir un fournisseur clé d'hydrogène vert pour l'Union Européenne, ont souligné des ministres européens à l'occasion de la 2ème édition du Sommet « World Power-to-X Summit » (PTX22) qui se tient du 22 au 24 juin. Pendant essentiel de la production d'énergie renouvelable, l'hydrogène fournit un moyen de stockage d'énergie pour surmonter l'intermittence et équilibrer l'offre et la demande. L'établissement d'un système énergétique basé sur l'hydrogène ne sera cependant pas facile. Parallèlement à l'expansion rapide et continue des énergies renouvelables, plusieurs phases techniques, politiques et d'investissement sont encore nécessaires pour faire évoluer l'industrie de l'hydrogène. Ces enjeux impliquent, sans doute, la mise en place d'une action réfléchie et collaborative. L'hydrogène, d'une idée à un véritable catalyseur économique Soulignant le potentiel important du Maroc au niveau du secteur de la transition énergétique, le ministre néerlandais des Affaires économiques et de l'action pour le Climat, M. Rob Jetten, a indiqué que le pays «peut devenir un fournisseur clé d'hydrogène vert» pour l'Europe qui a un grand besoin d'hydrogène. Cette production ne peut pas être réalisée dans sa totalité par les pays de l'Union Européenne, a fait savoir Jetten, précisant qu'une partie de cette production va provenir d'autres régions, comme l'Afrique du Nord, notamment le Maroc. Ceci dit, les gouvernements ont le devoir de créer un environnement politique où l'industrie est habilitée à accélérer le déploiement de l'hydrogène, à travers notamment la création d'une demande d'investissement et d'innovation accrus, et la réduction des coûts associés à la production et à la distribution d'hydrogène, tandis que les acteurs de l'industrie, tels que les fournisseurs d'énergie, les fabricants de transports, doivent poursuivre leur engagement à développer les technologies qui conduiront le monde vers un avenir plus propre. Chacun a son propre rôle à jouer, mais la collaboration public-privé est le moyen principal pour transformer l'économie de l'hydrogène d'une idée en un véritable catalyseur de la transition énergétique. En ce sens, le responsable a indiqué que plusieurs entreprises néerlandaises travaillent déjà sur des projets de partenariat avec des acteurs de l'écosystème au Maroc, rappelant que « le Maroc et les Pays-Bas reconnaissent l'importance de l'hydrogène vert dans la transition énergétique pour décarboner nos économies ». De son côté, la ministre allemande de la Coopération économique et du Développement, Mme Svenja Schulze, a indiqué que le Maroc et l'Allemagne avaient signé un accord pour la mise en place d'une usine pilote de production d'hydrogène vert. « Un hydrogène vert made in Morocco sera produit d'ici trois ans », a-t-elle relevé. Le Maroc, un modèle à suivre Schulze s'est ainsi félicitée de la construction de cette unité de production qui sera « un jalon important pour la réalisation de notre vision commune », appelant les autres pays à suivre l'exemple du Maroc, qui a adopté une politique audacieuse et visionnaire dans le domaine de la transition énergétique. Dans ce sillage, la responsable allemande a noté que les technologies associées au Power to X, qui est basée sur la conversion d'électricité ou son stockage pendant les périodes où la production d'énergie renouvelable intermittente dépasse la demande, parmi lesquelles l'hydrogène vert, se présentent aujourd'hui comme des outils clés pour concrétiser la promesse de l'Accord de Paris, faire face au réchauffement climatique et décarboner les économies. Le potentiel de l'hydrogène vert pour de nombreuses utilisations en fait une alternative prometteuse pour les secteurs où la décarbonation et l'utilisation de l'électricité sont complexes tels que les industries de la raffinerie, et des transports lourds terrestres, aériens et maritimes. Pour sa part, la ministre belge de l'Energie, Mme Tinne Van Der Straeten, a fait valoir que le Sommet «World Power-to-X Summit» à Marrakech constitue une plateforme importante pour unir les efforts de la communauté internationale en faveur du développement des technologies liées au Power to X, soulignant que l'hydrogène vert constitue une alternative aux énergies polluantes et contribue ainsi à la lutte contre le réchauffement climatique. « Nous pouvons réaliser le rêve de construire une société zéro carbone si nous travaillons la main dans la main », a déclaré la ministre belge, mettant en avant l'importance des perspectives de coopération dans le domaine des énergies renouvelables entre les différentes parties de l'écosystème dans les continents européen et africain. Organisé par l'Institut de Recherche en Energie Solaire et Energies Nouvelles (IRESEN), en partenariat avec l'Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), le PTX22 vise à mettre sur la table du débat les stratégies innovantes dans le domaine de l'hydrogène vert et de sceller des partenariats pour une nouvelle ère énergétique propre. Outre les risques climatiques accrus relatifs au réchauffement climatique, l'importance des systèmes énergétiques basés sur l'hydrogène a connu une grande envergure avec la flambée des prix des carburants. L'une des principales utilisations de l'hydrogène vert est celle de substitut aux carburants et à l'hydrogène d'origine fossile dans divers procédés actuellement réalisés au niveau des raffineries et des usines pétrochimiques. Kawtar CHAAT Hydrogène : un système de stockage prometteur attendu
En marge de la deuxième édition du « World Power-to-X Summit », HDF Energy et la Somas ont annoncé un projet de stockage d'hydrogène vert dans les cavités de la mine de sel de Mohammedia. Dénommé Melhy Project, ce chantier, qui s'inscrit dans le cadre du plan d'action de la feuille de route de l'hydrogène vert publié en 2021, permettra de stocker l'équivalent de 10 gigawatts d'électricité, soit l'équivalent de 6 heures de consommation d'électricité à Casablanca. La première phase du projet porte sur les études de faisabilité qui seront marquées par la participation de l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), l'Université Ibn Tofail de Kénitra, l'entreprise espagnole Enagas ainsi que la Green Energy Park, plateforme de recherche de l'Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (IRESEN).