Mercredi matin, l'orage gronde dans les différentes villes du Royaume après les annonces choquantes d'une énième augmentation des prix des carburants. Que ce soit dans les petits cafés du «Derb» ou les restaurants chics des quartiers huppés, cette troisième hausse consécutive s'invite aux discussions, qui finissent souvent par une sorte de réquisitoire contre les mesures étatiques pour faire face à la conjoncture. Une posture justifiée et incontestablement compréhensible, du moment que les prix de l'essence et du diesel frôlent respectivement les 18 et 16 dirhams, dans une conjoncture où les ménages se serrent la ceinture pour pouvoir boucler leurs fins de mois. Et la grogne sociale n'est qu'à ses débuts puisque les sociétés de distribution de carburants n'ont pas dit leur dernier mot et risquent d'augmenter davantage les prix vu le manque de visibilité sur les fluctuations des marchés à l'international. C'est d'ailleurs cette même instabilité qui a incité le gouvernement à écarter tout retour à la formule de la compensation directe sur les prix des carburants, se contentant de soutenir les secteurs névralgiques tels que le transport. Pourtant, le litre de carburant est constitué d'une grosse partie de taxes (TVA et TIC) atteignant 37% sur le gasoil et 47% sur le super. C'est dire qu'aujourd'hui pour un litre de gasoil, 8 DH vont directement dans les caisses de l'Etat, symbole de la frénésie de prélèvements qui caractérise notre administration fiscale. C'est dire aussi que la flambée des prix du pétrole, qui intervient dans un contexte marocain marqué par la sécheresse et la hausse des prix de presque tous les produits de première nécessité, peut être l'occasion de baisser une fois pour toutes les prélèvements qui explosent le coût de cette denrée vitale, ou du moins couper la poire en deux entre les recettes de l'Etat et les marges de gain des opérateurs. A chaque conjoncture ses mesures et à chaque problème sa taxe ! Saâd JAFRI