Il y a bien une sérieuse augmentation des prix des carburants. Plus d'un dirham le litre par rapport à il n'y a pas longtemps. Evidemment tout le monde ne va pas pleurer, certains peuvent même s'en réjouir. Les opérateurs privés qui gardent leurs marges intactes, ne font que répercuter la hausse des prix sur les consommateurs, ce qui est normal, on est dans une économie libérale. Mais ils ne sont pas les premiers à blâmer. Faisons une démonstration, pas très précise, mais pas très éloignée de la réalité non plus. Nous savons que la composante la plus lourde du prix du carburant est l'élément impôts et taxes. C'est plus ou moins 60% du prix à la pompe. Sachant cela, il nous est facile de savoir combien l'Etat gagne à travers la hausse des prix. Le prix du gasoil est passé de 9 à 10 DH, soit un dirham de plus. Eh bien ce petit dirham va faire gagner à l'Etat beaucoup d'argent. Les statistiques de consommation font état de 700 millions de litres par an dont 65% pour le diesel, soit 455 millions de litres. On va donc pouvoir calculer la différence du chiffres d'affaire global entre un prix à 9 et un autre à 10: (455 millions de litres multipliés par 10=4,550 milliards de dirhams) auxquels on retranche 4,095 milliards (455 millions de litres multipliés par 9DH). Résultat: 455 millions de Dirhams de plus dans les caisses de l'Etat. Ce n'est pas rien, et c'est pour cette raison qu'on ne peut pas dire que le gouvernement est triste ou désespéré. Ce « petit plus » lui sera utile pour garnir son budget. On lui ajoutera les gains sur l'essence... Est-ce que c'est tout? Mais pas du tout. On peut penser à tous les prix des produits qui ont augmenté suite au renchérissement du carburant ces derniers temps et sur lesquels l'Etat prélève la TVA. Comme on sait c'est un impôt sur la consommation qui s'ajoute à l'impôt déjà payé sur le travail et sur la production. On produit on paie des impôts; on consomme on paie des taxes. Autrement dit le fruit du labeur est gratté en amont et en aval. Mais là n'est pas la question. Que fera l'Etat de cette manne tombée du ciel? Comment pourrait-il la réinjecter dans l'économie et en tirer de bons bénéfices économiques. Comme les impôts et les taxes réduisent le pouvoir d'achat, et comme ce pouvoir d'achat est le principal vecteur de croissance, il serait judicieux de redistribuer le surplus de recettes aux ménages à faible revenu. Ce qui est une forme de solidarité entre citoyens. Quant à savoir si les prix des hydrocarbures vont ou ne vont pas baisser, eh bien on peut tout aussi bien se demander si les taxes vont ou ne vont pas baisser. C'est la question que tous les gouvernements évitent. Pour des raisons tout à fait compréhensibles.