C'est l'histoire d'un Parisien issu d'un ventre algérien. Pour sa mère, il est Sami Ilyas. Pour son père français, il chausse le prénom de William. Sur papiers, il est Grigahcine, un patronyme à festoyer dehors. Ce que la future star ne tarde pas à concrétiser. Faisons court et disons que c'est grâce à sa maman, femme de ménage, que Sami William Ilyas reçoit sa première platine. Il est adolescent et rêve de célébrité. Les années passent et un premier titre secoue la planète électro, « Turn Down for What », éructé en quatre mots en décembre 2013. En 2020, cet Ovni musical atteint le milliard de vues sur YouTube. La suite pour ce phénomène qui choisit de s'appeler DJ Snake relève du rêve éveillé. Il produit Lady Gaga, Black Eyed Peas, Selena Gomes... Il devient l'un des DJ milliardaires les plus courus du monde. Et puis, voilà. Il y a peu, il décide de fouiner dans la mémoire de sa maman. Il gagne l'Algérie et essaie de restituer ce qui rappelle la force culturelle de l'ouest du pays, Oran en fille d'honneur. Il choisit de faire revivre un lieu mythique auquel il emprunte le titre de sa chanson-hommage, Disco Maghreb. Un studio d'enregistrement par lequel les plus grosses stars du raï algérien passent. Le clip, douloureusement fin, montre d'emblée le légendaire artisan-éditeur Boualem ouvrir cet espace fermé depuis des années. DJ Snake se déchaine corps et âme en convoquant un 3laoui algérien teinté, par ignorance verbale certaine, du reggada marocain. En Algérie, après une « précoce » euphorie, c'est l'indignation. Des esprits troublants et troublés ne voient en ce que Snake produit en hommage au land de sa génitrice qu'un ralliement au Maroc où l'art reggada prend ses origines. Ont-ils relevé qu'à la fin de la chanson/clip c'est la belle voix de Khaled, aujourd'hui orphelin de sa mère, qui s'écrase sur les images d'une jeunesse désoeuvrée, un mawal/outro planant ? Aïe, Khaled l'Algérien est marocain aussi. Anis HAJJAM