Selon Macron, L'UE ne doit pas précipiter l'adhésion de Kiev, qui devrait prendre des décennies. Une douche froide pour Zelensky qui espérait obtenir le statut de candidat à l'Union européenne en juin. Emmanuel Macron estime que malgré la guerre, Bruxelles ne doit pas aller trop vite avec Kiev. Le chef de l'Etat français a prévenu lundi qu'une éventuelle adhésion de l'Ukraine à l'UE prendrait « des décennies ». Il a toutefois proposé, en attendant, l'entrée dans un nouvel ensemble, une « communauté politique européenne », susceptible aussi d'accueillir des pays comme le Royaume-Uni. Cette idée, jugée par le chancelier allemand Olaf Scholz de « très intéressante » lors d'une rencontre entre les deux dirigeants à Berlin, est toutefois susceptible de créer craintes et frustrations parmi les candidats déjà déclarés ou potentiels à une adhésion européenne. Le chef de l'Etat français l'a dévoilée lors de son premier discours sur l'Europe depuis sa réélection, prononcé à Strasbourg. Lundi dernier, le président ukrainien avait martelé la volonté de Kiev d'intégrer l'UE, quelques heures après qu'Emmanuel Macron ait douché les espoirs d'adhésion rapide de l'Ukraine à l'Union. Volodymyr Zelensky a déclaré qu'il s'attend à ce que son pays obtienne le statut de candidat à l'Union européenne «en juin. «Kiev a en effet rempli la deuxième partie du questionnaire nécessaire pour candidater », a indiqué le président ukrainien dans une allocution diffusée dans la soirée sur les réseaux sociaux. «Cela prend généralement des mois. Mais nous avons tout fait en quelques semaines. Il s'agit d'un document qui contient des milliers de pages», a expliqué Volodymyr Zelensky. Alors que la Russie célébrait lundi la victoire de 1945, l'Union Européenne se concentrait sur la journée de l'Europe. A cette occasion, Ursula von der Leyen a annoncé que la Commission européenne rendrait son avis en juin sur la candidature de l'Ukraine à l'Union européenne. L'UE est cependant divisée : Ursula von der Leyen et le dirigeant français ont appelé à une révision des traités afin de rendre l'Union plus efficace. Mais 13 des 27 pays de l'Union européenne s'opposent à une telle procédure. Un débat relancé avec la proposition française d'une « communauté politique européenne », dont Emmanuel Macron a précisé les contours dans la foulée lors d'une conférence de presse commune avec Olaf Scholz, pourrait offrir une « autre forme de coopération ». Des pays plus européens que d'autres Une proposition qu'il avait aussi formulée quelques heures plus tôt face au Parlement européen à Strasbourg à l'occasion de la journée de l'Europe. Cette organisation « permettrait aux nations européennes démocratiques adhérant à notre socle de valeurs de trouver un nouvel espace de coopération politique, de sécurité, de coopération », a-t-il expliqué. « Au-delà des Balkans occidentaux, nous avons la nécessité de repenser l'espace politique européen », a-t-il plaidé estimant que la création de cette « communauté politique européenne » permettrait de « bâtir la paix, la stabilité et des coopérations sur les questions les plus géopolitiques » de l'Europe. Le chef de l'Etat souhaite « trouver une forme politique qui permet d'arrimer à l'Europe, des Etats qui partagent (ses) valeurs » et « bâtir une coordination politique, (...) des formes de solidarité, (...) des coopérations en termes d'énergie, (...) et de circulation des personnes ». Cette nouvelle instance permettait selon lui, de créer une forme de communauté avec les Etats qui ne remplissent pas encore les conditions d'entrée dans l'Europe. Emmanuel Macron cite à titre d'exemple l'Ukraine et la Bosnie- Herzegovine et mentionne même le Royaume-Uni, qui malgré le Brexit « pourrait avoir toute sa place » dans cette nouvelle communauté politique. « Nous avons décidé de tenir au mois de juin un sommet des Balkans occidentaux, qui se tiendra juste avant notre sommet européen. Nous aurons à clarifier, pour les Balkans occidentaux, l'agenda européen qui est le leur » a-t-il par ailleurs fait savoir. La proposition vient remettre sur les rails un débat aussi ancien que controversé, sur l'éventualité d'une Union européenne organisée en plusieurs cercles concentriques avec des pays bénéficiant de niveaux d'intégration différents. Autrement dit, des pays ou groupes de pays à différents degrés d'européanité.
Les combats s'intensifiaient mardi dans le sud et l'est de l'Ukraine, où les livraisons d'armes américaines devraient s'accélérer après la réactivation par Joe Biden d'un dispositif emblématique datant de la Seconde Guerre mondiale. Des missiles ont aussi visé la région d'Odessa, l'armée ukrainienne décomptant sept frappes et déplorant un mort et cinq blessés. Le président du Conseil européen Charles Michel, en visite surprise lundi dans cette grande ville du sud, a été obligé de se mettre à l'abri. Par ailleurs, les Russes «continuent de préparer des opérations offensives dans les régions de Lyman et Severodonetsk», dans le Donbass (est), a annoncé mardi matin l'état-major ukrainien, ajoutant que les tirs d'artillerie et les frappes aériennes se poursuivaient sur l'aciérie d'Azovstal à Marioupol. «Des batailles très intenses se déroulaient autour de Roubijné et de Bilogorivka» dans la région de Lougansk (est), indiquait la veille le gouverneur Serguiï Gaïdaï. Les Ukrainiens peuvent compter sur l'aide militaire américaine qui s'est déjà élevée à quelque 3,8 milliards de dollars depuis le début du conflit. Elle devrait être encore facilitée par la signature, lundi, par le président Joe Biden de l'»Ukraine Democracy Defense Lend-Lease Act». Cette loi de «prêt-bail» reprend le dispositif adopté en 1941 par Roosevelt donnant au président américain des pouvoirs étendus pour soutenir l'effort de guerre en Europe. «Je suis convaincu que Poutine croyait qu'il pouvait briser l'Otan, qu'il croyait qu'il pouvait briser l'Union européenne», a ajouté M. Biden un peu plus tard lors d'une opération de levée de fonds politique.