L'effet Covid-19 n'a affecté en rien les traditions culinaires et encore moins l'atmosphère spirituelle et l'ambiance « exceptionnelle » que la majorité de la population locale veillait à revivifier durant cette période de recueillement et de piété. Sur la table de ftour, les poissons grillés trônent sur la table. La sardine grillée est à l'honneur, mais on y trouve le fameux «bouchouk» connu aussi sous le nom du «darii», préparé avec des olives, le «mostelle» cuisiné avec des carottes. Ceci, sans oublier la soupe à base de semoule «smida», préparée avec du lait beldi servie dans des soupières d'Alfkhar colorées, le sablé appelé «kâak» et la zemita, mélange d'ingrédients moulus et grillés, sont les spécificités de Abda, affirme Hajja Fatima Moumine, 75 ans, mère de famille habitant le quartier de Aazib Daraï. « A la rupture du jeûne, le f'tour est pris en famille. La présence des parents, des enfants et des petits-enfants est de mise. Il s'agit du respect obligatoire dû aux personnes les plus âgées de la famille, des coutumes et aussi de la reconnaissance vis-à-vis des parents. Safi est une région qui tient fortement à ses traditions ancestrales », indique Mohamed Ezziane, 45 ans, commerçant et père de famille. A Safi, « durant ce mois Moubarak, les femmes tiennent, selon les moyens, à diversifier le menu de la table du ftour », souligne de son côté Touriya Larissi, 54 ans, enseignante à la retraite. « Elles cuisinent abondamment pour faire goûter leurs plats aux voisins et bien servir les invités le cas échéant ». Et d'ajouter: « une fois le jeûne rompu, on se dirige vers les mosquées. A l'instar des habitants de toutes les villes du Royaume, ce mois lunaire est synonyme de prières et de recueillement dans un climat hautement spirituel. Il n'est pas question de rater les «Taraouihs». Après le ftour, les parents se font généralement accompagner par leurs enfants à la mosquée. Tous fêtent l'avènement de ce mois sacré. Après «Salat Al Ichaâ» et les «Taraouihs», la majorité des familles passent ensemble les soirées du Ramadan. Mais la plupart des jeunes préfèrent sortir respirer l'air frais et dépaysé du «boulevard Rbat» et de Sidi Bouzid, sans pour autant tarder de peur de manquer les réunions familiales, précise Réda, 23 ans, étudiant universitaire à la Faculté polydisciplinaire de Safi. « Aux derniers dix jours de Ramadan, rebondit Hajja Fatima Moumine, les femmes préparent de délicieux gâteaux, tissent des djellabas, mettent du henné sur les mains pour exprimer leur joie. On achète de nouveaux habits pour les enfants. Safi représente un noyau de coutumes ancestrales que ses habitants veillent à transmettre de génération en génération... ». Bref, « le mois sacré de Ramadan constitue une grande occasion qui permet aux fidèles, non seulement de se rapprocher de leur créateur, mais aussi de resserrer les liens familiaux et amicaux », conclut de son côté Ahmed Hmimou, agent OCP. Mohamed LOKHNATI