En adressant une invitation officielle au Chef du gouvernement espagnol, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a réitéré la volonté du Royaume de dépasser la crise, tout en offrant un répit à la Moncloa. «Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L'assiste, a eu, ce jour, un entretien téléphonique avec le Président du Gouvernement espagnol, S.E. M. Pedro Sánchez..., Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L'assiste, a adressé, à cette occasion, une invitation au Président du Gouvernement espagnol, S.E. M. Pedro Sánchez pour effectuer une visite au Maroc, dans les très prochains jours», a annoncé le Cabinet Royal dans un communiqué publié le 31 mars. Une annonce rendue publique quelques heures avant le démarrage de la visite officielle au Maroc du ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, qui était attendu à Rabat le 1er avril. Selon les médias espagnols, la conversation téléphonique entre le Souverain et le Chef du gouvernement espagnol aurait pris la Moncloa de court, obligeant ce dernier à annuler dans la foulée la réunion entre Nasser Bourita et son homologue espagnol. Preuve en est, l'annonce faite par l'Ambassade d'Espagne à Rabat. « L'invitation de SM Mohammed VI inclut également la présence du ministre des Affaires étrangères dans la délégation espagnole. C'est la raison pour laquelle ils ont convenu que la réunion prévue demain, 1er avril 2022, à Rabat entre les deux ministres des Affaires étrangères, aurait lieu dans le cadre de cette prochaine visite du Président du Gouvernement ». D'ailleurs, certains observateurs espagnols évoquent même l'annulation en catastrophe d'une réception à l'Ambassade qui devait être tenue dans la foulée de la rencontre Bourita/Albares et l'envoi de plusieurs correspondants de médias espagnols à Rabat pour couvrir la rencontre. Il n'empêche que cet ajournement est loin de représenter un « problème », et a été accueilli très favorablement par la Moncloa vu l'importance de l'invitation royale. En plus de signifier clairement l'importance accordée à la visite de Pedro Sanchez au Royaume par le Souverain, cette invitation ne peut qu'offrir du répit au Chef du gouvernement qui doit faire face, d'un côté, à une fronde parlementaire mêlant opposition et partis membres du gouvernement qui critiquent la forme ou le fond de la décision de Sanchez de soutenir l'initiative d'autonomie pour le Sahara, et de l'autre, doit faire face à une crise avec le régime algérien qui tente la carte du chantage au gaz pour forcer Madrid à renoncer à sa dernière attitude. A ce niveau, le gouvernement espagnol peut compter sur le soutien de l'Union Européenne et des Etats-Unis pour éviter une perturbation des importations de gaz algérien. Washington, comme Bruxelles, compte sur la production en gaz et hydrocarbures algériens pour palier à la dépendance au gaz russe de plusieurs pays européens qui devront s'ajouter aux expéditions de gaz de schistes nord-américains, avant d'être certainement renforcé par le gaz nigérian ou encore qatari. Amine ATER Repères Une lettre dans l'esprit du discours royal du 20 août « Au cours de cet échange, Sa Majesté le Roi a réitéré Sa Haute appréciation pour le contenu du message qui Lui a été adressé, le 14 mars, par le Président du Gouvernement espagnol. Cette lettre est conforme à l'esprit du Discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L'assiste, du 20 août 2021 et répond à l'appel de Sa Majesté le Roi à inaugurer une étape inédite dans les relations entre les deux pays », a rappelé le communiqué du Cabinet Royal
Nouveau partenariat en vue La sortie du Cabinet royal a également annoncé un travail intergouvernemental pour élaborer un nouveau cadre de partenariat entre Rabat et Madrid. «Le partenariat entre les deux pays s'inscrit désormais dans une nouvelle étape, fondée sur le respect mutuel, la confiance réciproque, la concertation permanente et la coopération franche et loyale. Dans ce contexte, les différents ministres et responsables des deux pays sont appelés à mettre en oeuvre des actions concrètes dans le cadre d'une feuille de route ambitieuse et couvrant tous les domaines du partenariat, intégrant toutes les questions d'intérêt commun ».