Suite à la visite du ministre irakien de la Justice au Maroc, le dossier des familles des anciens combattants de Daech a été au cœur des discussions avec les autorités marocaines. Encore faut-il un cadre légal régissant la coopération judiciaire entre Rabat et Bagdad. Raison pour laquelle le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi envisage une visite en Irak dans les plus brefs délais. Détails. Après une longue période d'attente depuis la sortie du rapport parlementaire sur la situation des Marocains bloqués dans les foyers de tension, le dossier des familles des anciens membres de Daech en Irak renait de ses cendres. Longtemps jetés dans des camps de réfugiés dans des conditions difficiles, ces familles composées de veuves et d'enfants d'anciens combattants attendent avec impatience leur rapatriement à la mère patrie, ce qui est tout de même compliqué. Mais une lueur d'espoir est apparue suite à la visite du ministre irakien de la Justice, Salar Abdul Sattar Mohamed, au Maroc. Ce dernier s'est entretenu avec son homologue marocain, Abdellatif Ouahbi qui l'a reçu au ministère de la Justice. Bien qu'officiellement les discussions aient porté sur la coopération judiciaire de façon générale, le sort des familles des anciens djihadistes a été officieusement à l'ordre du jour. Interrogé par les journalistes sur ce sujet, M. Ouhabi n'a pas démenti cela, affirmant avoir parlé de ce dossier avec son homologue irakien. Le ministre a assuré que tous les dossiers d'intérêt communs ont été abordés lors de cette entrevue. En effet, l'extradition des Marocains bloqués en Irak, dont certains sont accusés d'implication dans des activités terroristes n'est pas aussi simple qu'elle puisse paraitre. Jusqu'à présent, il n'existe aucun accord judiciaire entre Rabat et Bagdad qui permet une telle initiative et cela nécessite un cadre légal bien défini. Encore faut-il du temps pour pouvoir l'élaborer en concertation entre les deux parties. Assurant que les dossiers épineux sont évoqués sereinement et avec la plus grande franchise, Abdellatif Ouahbi a annoncé qu'il effectuera une visite en Irak le plus tôt possible, l'objectif est de parvenir à un mémorandum d'entente sur la coopération judiciaire qui serait, dans ce cas, l'ébauche d'une solution à l'épineuse situation des anciens djihadistes et leurs proches. Les familles de ces derniers au Maroc ne cessent de revendiquer leur rapatriement après la dégradation de la situation humanitaire dans les camps où ils sont placés. La Coordination nationale des familles des Marocains détenus et bloqués en Syrie et en Irak avait organisé, le 28 janvier dernier, un sit-in devant le Parlement pour faire entendre ses revendications à l'opinion publique. Dans l'attente qu'un accord formel soit signé, les préparatifs vont bon train. Le ministre irakien de la Justice a rencontré les hauts représentants du pouvoir judiciaire à savoir le Procureur général du Roi près la Cour de cassation, président du Ministère public, El Hassan Daki, et le président délégué du Conseil Supérieur du Pouvoir judiciaire (CSPJ), Mohamed Abdennabaoui. Ces derniers ont fait un passage en revue des systèmes judiciaires des deux pays. A cette occasion, le ministre irakien a a fait part de la volonté de son pays d'établir une coopération fructueuse entre les ministères de la Justice et les pouvoirs judiciaires des deux pays. Il est à noter que le sort des anciens combattants de Daech et leurs familles en Iraq et en Syrie a fait l'objet d'une mission exploratoire parlementaire qui s'est entretenue avec l'ensemble des parties concernées par ce sujet. Une mission, dont le ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi a été lui-même membre lorsqu'il a été député dans la législature précédente. Le Bureau central d'investigations judiciaires (BCIJ) s'est penché d'ores et déjà sur cette question en coordination avec le Parquet compétent. Parmi les 1662 personnes parties rejoindre la zone irako-syrienne, plusieurs djihdistes sont revenus de leur plein gré au Maroc après avoir été enrôlés dans les rangs des différentes organisations terroristes. La Justice marocaine traite au cas par cas sachant que c'est la Cour d'appel de Rabat qui se charge des affaires terroristes. En plus du souci du rapatriement des anciens djihadistes, l'intégration de leurs épouses et leurs enfants pose autant de problèmes du moment que ces derniers demeurent pétris d'idéologie extrémiste ce qui nécessite un travail de fond pour les déradicaliser.