Dans le contexte actuel marqué par la flambée des prix des matières premières, du blé au pétrole, accentuée par le conflit russo-ukrainien, Bloomberg s'attend à ce que Bank Al-Maghrib relève son taux directeur pour maîtriser l'inflation. Les banques centrales de cinq pays africains, dont le Maroc, l'Egypte, le Nigeria, l'Afrique du Sud et le Ghana, augmenteront probablement les taux d'intérêt dans les semaines à venir pour maîtriser les pressions inflationnistes qui menacent de s'enraciner, prévoit l'agence américaine Bloomberg. Dans un récent article, Bloomberg souligne que la guerre russo-ukrainienne « a fait craindre que l'économie mondiale ne se dirige vers une nouvelle stagflation à la manière des années 1970, alors que la flambée des prix des matières premières, du blé au pétrole, fait grimper le coût de la vie dans le monde ». Et de poursuivre : l'incertitude liée à la guerre, associée à l'impact potentiel sur les marchés émergents de la hausse des taux d'intérêt par la Réserve fédérale américaine pour la première fois depuis 2018, sera au centre des délibérations des autorités monétaires africaines sur les taux d'intérêt. C'est le cas de Bank Al-Maghrib qui devra, lors de la réunion de son Conseil d'administration, prévu ce mardi 22 mars, soit maintenir le taux directeur à 1,5%, soit le relever pour particulièrement maîtriser le taux d'inflation. Un taux qui a augmenté, selon les derniers chiffres du HCP, de 3,1 % en janvier 2022, dans un contexte de hausse des prix des matières premières à l'échelle internationale, en particulier les produits alimentaires et les dérivés du pétrole. Le HCP attribué cette évolution à la hausse des prix alimentaires de 4,3% et des prix non alimentaires de 2,3%. « La Banque centrale du Maroc pourrait être tentée de relever ses taux pour la première fois depuis 2008 afin de protéger l'arrimage de sa monnaie au dollar et de maîtriser l'inflation qui devrait augmenter en raison de la guerre en Ukraine », explique Bloomberg. Pourtant, poursuit la même source, tout resserrement de la politique monétaire ne fera pas grand-chose pour contenir les pressions sur les prix qui proviennent principalement des importations... Rappelons que dans son dernier rapport conjoncturel publié récemment, Attijari Global Research (AGR) a indiqué que la Banque centrale pourrait garder inchangée sa politique monétaire accommodante à travers un taux directeur stable à 1,5% en 2022. Ce qui pourrait justifier une éventuelle hausse dudit taux serait une hausse non maîtrisable du niveau d'inflation, précise la même source, notant qu'à date d'aujourd'hui, ce dernier reste globalement maîtrisé, et ce, à travers un niveau des prix à la consommation au Maroc évoluant autour des 2,0% en 2022 contre 1,4% en 2021. Des estimations qui, très probablement, seront revues à la hausse, vu le chamboulement des cours internationaux, suite à la guerre russo-ukrainienne et la tension entre Moscou et les pays occidentaux qui en a découlée. A. CHANNAJE