Face aux menaces qui planent sur l'économie, BMCE Capital Global Research a abaissé sa prévision de croissance pour 2022. Les analystes s'attendent désormais à une hausse de 1,8% de l'activité contre 2,9% précédemment. D'un autre côté les dépenses imprévues pour soutenir le pouvoir d'achat vont peser sur les finances publiques. BKGR estime entre 10 à 15 milliards l'enveloppe supplémentaire nécessaire pour la compensation au regard de l'orientation des cours. Face à la sécheresse et la guerre en Ukraine, l'économie marocaine risque une nouvelle déconvenue alors que tout le monde espérait un retour à une certaine normalité après deux années de crise sanitaire. Si les pronostics sont très risqués actuellement, ces deux imprévus poussent BMCE Capital Global Research à significativement abaisser sa prévision de croissance pour cette année. Les analystes s'attendent désormais à une hausse de 1,8% du PIB contre 2,9% précédemment. Le scénario du pire projette une croissance d'à peine 1%. Il est encore difficile d'anticiper l'impact réel des tensions géopolitiques et de la mauvaise campagne agricole sur la croissance. En revanche, l'inflation, elle, va nettement s'accélérer. La poussée des prix à la consommation était attendue au cours des premiers mois de l'année. Par contre, le conflit russo-ukrainien change la donne et va amplifier le mouvement sur une durée probablement plus longue que prévu. Un baril de pétrole à plus de 100 dollars en moyenne en 2022 et l'accélération de la hausse des prix des denrées alimentaires sont susceptibles de hisser l'inflation au-dessus de 3% au deuxième semestre, estime Attijari Global Research. Le poids dominant des produits alimentaires dans l'indice (aux alentours de 40%) le rend très sensible aux variations de cette composante. En janvier, avant même le début de l'invasion russe en Ukraine, l'indice des produits alimentaires affichait une hausse de 4,3% en glissement annuel. Malgré une inflation hors de ses bases cette année, les analystes d'AGR, comme ceux de CDG Capital, ne voient pas Bank Al-Maghrib relever son taux directeur. «Une politique budgétaire et monétaire volontariste demeure cruciale pour soutenir une croissance solide de l'économie marocaine, surtout durant une année agricole marquée par la sécheresse». Le gouvernement a mobilisé 10 milliards de DH pour contenir les effets de la sécheresse sur le secteur agricole. La flambée des cours des matières premières va aussi nécessiter un effort budgétaire supplémentaire pour la sauvegarde du pouvoir d'achat. Les montants budgétisés au titre de la compensation, soit 17 milliards de DH, vont très rapidement s'avérer insuffisants au regard des niveaux actuels des cours et de l'absence de visibilité sur les perspectives. «En tenant compte de l'orientation actuelle des cours, une rallonge de 10 à 15 milliards de DH ne serait pas à exclure», estiment les analystes de BMCE Capital Global Research. Ces dépenses imprévues vont creuser un peu plus le déficit budgétaire. La prévision d'un solde équivalent à 5,9% du PIB semble, aujourd'hui, intenable. Frank Fagnon / Les Inspirations ÉCO