Apporter des solutions innovantes et concrètes à la problématique de l'eau tant en Afrique qu'ailleurs. Tel est le défi que s'assigne le 9ème Forum mondial de l'eau, qui s'ouvre ce lundi 21 mars à Diamniadio, à 30 km de Dakar. Plus de 30.000 participants, venus des quatre coins du globe, sont attendus et les travaux se poursuivront jusqu'au 26 courant avec une Déclaration finale. C'est ce lundi que débutent les travaux du 9ème Forum mondial de l'eau à Dakar au Sénégal. Une rencontre très attendue dans un contexte où la problématique des ressources hydriques se pose avec acuité. Au conclave de la capitale du pays de la Térenga, près de 3000 projets seront présentés. Pour la réussite des débats, 5000 contributeurs s'y sont attelés et 30.000 participants sont attendus. C'est dire que ce Forum promet sur toute la ligne. C'est à juste titre, d'ailleurs, que le Forum « Dakar 2022 » s'est fixé pour priorités : la sécurité de l'eau et de l'assainissement, l'eau pour le développement rural et la coopération. Et ce n'est pas tout puisque les participants plancheront aussi sur les « Outils et Moyens » incluant les questions cruciales du financement, de la gouvernance, de la gestion des connaissances et des innovations. Quatre axes qui constituent des priorités pour l'Afrique, mais aussi pour le monde dans sa globalité. Il faut reconnaitre que le grand défi pour le continent reste l'accès des populations à l'eau potable. En effet, il est aujourd'hui admis que, partout en Afrique, l'accès à une eau de qualité et en quantité suffisante constitue l'une des principales contraintes au développement. Par conséquent, l'utilisation efficiente des ressources en eau est déterminante pour promouvoir le progrès économique et un environnement de qualité. Il ne pouvait en être autrement quand on sait que l'accès à l'eau est essentiel dans la mesure où cela permet d'atteindre plusieurs objectifs dont, entre autres, l'amélioration de l'hygiène et de la santé des populations, le développement de la production agricole par l'extension des terres irrigables ainsi que l'essor de la production industrielle, etc. Construire des infrastructures Mais pour beaucoup d'Africains, la rencontre de Dakar doit être le « Forum des réponses ». Ce qui fait dire à cet analyste qu'à Dakar, bailleurs de fonds, décideurs publics et institutionnels, mais aussi acteurs privés et société civile seront face à un défi majeur : passer des discours aux actes, financés, organisés et mesurables. Pour ce faire, ils devront faire la preuve de leur volonté commune de construire massivement les infrastructures nécessaires, condition sine qua non de la lutte contre le stress hydrique et les effets du changement climatique. En effet, dans une étude, Mbaye DIENG, PhD (Consultant, Programme ICT4D, ENDA Lead Africa) souligne qu'à l'échelle de l'ensemble de l'Afrique subsaharienne, plus de la moitié de la population (environ 300 millions de personnes soit près de 51% de la population) n'avait pas accès à l'eau potable ces dix dernières années. « Même dans les pays disposant d'un potentiel hydrique important, l'accès des populations à l'eau reste limité, en particulier dans les grandes villes », fait-il remarquer. Face à cette situation, les rivières, les lacs et les mares temporaires sont utilisés comme source d'abreuvement. Ce qui contribue à la prolifération des maladies et constitue l'un des principaux facteurs de mortalité en Afrique. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, 80% des maladies sont d'origine hydrique. Chaque jour, 650 personnes, principalement des enfants de moins de cinq ans, meurent de diarrhée en Afrique. Les pertes annuelles en vies humaines liées à la consommation d'une eau insalubre sont évaluées à 30 millions de personnes. Dans cette optique, l'ambition du Sénégal et du Conseil mondial de l'eau est d'organiser un Forum différent, aux niveaux social, politique et économique. Un Forum qui soit un catalyseur d'action pour accélérer l'accès universel à l'eau et à l'assainissement. Une rencontre qui soit connectée et liée aux agendas et engagements mondiaux relatifs aux grands défis sociaux, à l'accord de Sendai (Japon) sur les risques et catastrophes naturelles, à l'accord de Paris sur le climat, à l'agenda 2063 de l'Afrique, etc. Contextualisation et proximité Autrement dit, il s'agira d'un Forum contextualisé, global et de proximité, ancré sur les principaux défis de l'eau de l'Afrique et du monde entier. 9ème Forum sera centré sur une préparation intégrée basée sur des échanges de qualité, multi-acteurs, autour d'un nombre limité de priorités intégrant les outils précédents des processus : thématique, politique, régional, citoyen. Organisé, conjointement par le Conseil Mondial de l'Eau et le gouvernement sénégalais, ce Forum s'ouvre sous le thème « Sécurité de l'eau pour la paix et le développement », avec la participation d'une importante délégation marocaine conduite par Nizar Baraka, ministre de l'Equipement et l'Eau. Faut-il rappeler que le Maroc est acteur majeur de traitement et de production d'eau ? Le Grand Prix Mondial Hassan II de l'Eau, créé en mars 2000, en est la parfaite illustration. Pour le Président sénégalais, Macky Sall, son pays est resté constant, malgré le Covid-19, « dans sa volonté et son engagement à accueillir la communauté mondiale, à Dakar, afin de placer l'eau au coeur de l'action du multilatéralisme et des politiques internationales, pour bâtir des mécanismes de ripostes efficaces face aux crises multiformes et la construction d'un monde post-Covid-19 résilient, prospère et stable ». Ainsi au Forum de Dakar, la communauté mondiale bénéficiera des leçons apprises et partagera des expériences innovantes issues des projets labellisés de l'«Initiative Dakar 2022 », en vue d'accélérer l'atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD). Wolondouka SIDIBE Bon à savoir
Le Forum mondial de l'Eau, qui rassemble des Chefs d'Etat et de gouvernement, des responsables d'institutions internationales, des experts et acteurs du secteur issus de tous les continents, sera un moment fort d'échanges et de partage d'expériences sur les problématiques liées à une source vitale : l'eau. Cette rencontre, la première du genre organisée en Afrique subsaharienne, constitue un moment clé pour porter le plaidoyer fort et impulser la prise de décisions concrètes pour améliorer l'accès à l'eau et à l'assainissement. Créé en 1996, le Conseil mondial de l'eau est le fondateur et le co-organisateur du Forum mondial de l'eau et catalyse l'action collective pendant et entre chaque Forum. Le Conseil se concentre sur les dimensions politiques de la sécurité, de l'adaptation et de la durabilité de l'eau. Il représente plus de 300 organisations dans plus de 50 pays. Ensemble, ils forment un réseau unique impliquant différents secteurs, régions, disciplines et domaines professionnels à l'expertise et aux intérêts variés.