Discuter des perspectives d'avenir du secteur énergétique, hautement stratégique, en tenant compte de la nouvelle demande énergétique liée à la crise sanitaire et à ses répercussions sur l'économie à l'échelle nationale, continentale et internationale, telle a été la quintessence de la conférence de l'énergie, tenue à Rabat. Explications. La 15ème conférence de l'énergie, organisée lundi à Rabat, sous le thème : « Accélération du déploiement des énergies de sources renouvelables » a montré, une fois encore, que le Maroc est sur une trajectoire envieuse. Son ambition en la matière est éloquente, puisque l'objectif du royaume est de passer de 11 % à 40 % d'énergie de sources renouvelables à l'horizon 2050. Ce qui fait dire, lors de ce conclave, à Nawal Khayatei, Seniors Partner auprès de Valyans consulting, que le Maroc a entamé sa transition énergétique. A ce sujet, elle souligne que la capacité électrique d'origine renouvelable représentait, à fin 2020, 37% du mix énergétique en termes de capacité de production, à travers la mise en place de près de 3.950 mégawattheure de capacité électrique renouvelable, avec cependant un retard de 5 points par rapport à l'objectif fixé pour 2020. C'est à juste raison d'ailleurs que les travaux de la conférence ont porté sur plusieurs thématiques, notamment sur l'accélération du déploiement des énergies renouvelables, l'introduction du gaz naturel comme vecteur de compétitivité pour l'industrie nationale, l'hydrogène et la décarbonation de l'industrie. Concernant la décarbonation, c'est un enjeu majeur pour l'avenir du Maroc comme il l'est pour le reste du monde. C'est l'un des défis de taille qui se posent aujourd'hui à l'économie nationale mais aussi aux décideurs, mais elle n'en est pas moins un terreau d'opportunités, à en croire des experts. Dans cette optique, le Maroc a voulu s'engager dans la dynamique mondiale de lutte contre le changement climatique parce qu'il y a une volonté politique à haut niveau qui vise à saisir les opportunités qui résultent notamment des actions de décarbonation. Technologie solaire et éolienne C'est dans ce cadre que les échanges, lors de la 15ème conférence de l'énergie, ont permis d'émettre, à la lumière des dernières évolutions au niveau national et international, des propositions concrètes susceptibles de contribuer à l'élaboration d'une stratégie nationale renouvelée pour l'énergie, avec plus d'ambition et de réalisme. En matière de partenariat, selon les données de l'ONEE, le Maroc possède un potentiel énorme en énergies renouvelables pour la région ibérique, puisqu'il jouit d'un gisement estimé à 6.600 mégawattheure avec une production pouvant atteindre les 14.000 Térawattheure, grâce à la maturité technologique solaire et éolienne. Et la participation des Emirats Arabes Unis, comme pays hôte de la conférence, est venue renforcer la dynamique de coopérations bilatérales entre les deux pays. Cependant, l'ONEE a été impacté par la conjoncture économique liée à la pandémie, dans un premier temps au niveau de la sécurisation de l'approvisionnement. Ensuite, la flambée des prix a impacté le coût des ventes : sur une année, la tonne de charbon est passée de 75 dollars à 650 dollars, influençant ainsi le marché ibérique. Pour ce qui est de la transition énergétique, elle reste au centre des stratégies de la relance post-Covid, comme le souligne aisément Rachid Idrissi Kaïtouni, président de la Fédération de l'énergie. Pour lui, ces stratégies visent à répondre à la nécessité de lutter contre le réchauffement climatique. Dans ce sens, elles ont un double objectif : avantager la production locale et le transport des personnes ainsi que des marchandises avec une faible empreinte carbone. Cependant, face au contexte géopolitique mondial, l'offre en énergie a remarquablement baissé, d'où la nécessité de mettre en place plus d'investissements qui s'inscrivent dans le long terme pour atteindre les niveaux d'avant crise du Covid-19. Pour le Maroc donc, la sécurité énergétique et le développement durable constituent les fondements de base de la politique énergétique nationale. Perspectives d'avenir Toujours est-il que cette édition a été l'occasion de mettre en lumière l'expérience marocaine dans le domaine de l'énergie, dresser le bilan d'étape, discuter des perspectives d'avenir d'un secteur hautement stratégique et surtout faire le point sur la nouvelle demande énergétique, en tenant compte, entre autres, de la crise sanitaire et de ses répercussions sur l'économie à l'échelle nationale, continentale et internationale. Pour l'ensemble des participants, le continent doit doubler d'efforts en matière d'énergies. A ce sujet, il est important, ont-ils estimé, de donner accès à l'électricité au profit des populations africaines sur la base des perspectives de l'Ambition mise en place à l'horizon 2030, une ambition forte et importante dans laquelle tous les secteurs (privé et public) doivent investir cinq fois plus pour atteindre l'objectif souhaité. Enfin, rappelons que la 15ème conférence de l'énergie a été organisée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI. Elle a été aussi l'occasion d'échanger autour des expériences du Maroc et des Emirats Arabes Unis, pays invité d'honneur, en énergies renouvelables. Elle a ainsi constitué une étape dans la dynamique de renforcement de la coopération et de développement des partenariats entre les deux parties. Wolondouka SIDIBE Bon à savoir
Organisée par la Fédération de l'énergie avec l'appui du ministère de la Transition énergétique et du Développement durable, le conclave sur l'énergie a été rehaussé par la présence d'un aréopage de personnalités de haut niveau. Rappelons qu'en 2020, selon l'Office national de l'électricité et de l'eau potable du Maroc (ONEE), le royaume a désormais une puissance installée de 10 557 MW, dont 36,8% d'énergie renouvelable grâce à un investissement de 3,5 milliards de dirhams (390 millions $) réalisé au cours de l'année. La distribution optimale de cette énergie produite a été assurée grâce à l'extension du réseau électrique national. La longueur des lignes très haute tension et haute tension est passée de 27 081 km en 2019 à 27 405 km en fin 2020, soit 324 km supplémentaires. Les lignes moyenne tension et basse tension couvraient fin 2020, 344 541 km contre 332 327 km en 2019 (12 214 km installés). En ce qui concerne les différents chantiers du secteur, les travaux de construction du parc éolien Midelt (210 W) ont été achevés.