Compte tenu de la hausse des dépenses liées à la compensation des prix des matières premières, un éventuel recours à une Loi des Finances rectificative s'impose de plus en plus dans le débat public. Le ministre délégué chargé du budget a écarté cette hypothèse, assurant que le gouvernement est capable de mobiliser les financements sans toucher aux dépenses liées à l'investissement public. Détails. Après la hausse des prix des matières premières et des hydrocarbures de façon exponentielle sur les marchés internationaux, on parle de plus en plus d'une éventuelle Loi des Finances rectificative d'autant plus que les hypothèses de la loi actuelle ont volé en éclat. Au fur et à mesure que les prix augmentent, l'Exécutif se voit dans l'obligation de passer à la caisse pour atténuer l'impact sur le pouvoir d'achat et préserver l'équilibre des marchés. Force est de constater que sous l'effet de la conjonction de la reprise de l'économie mondiale et le choc pétrolier dû à la guerre d'Ukraine, les cours du blé, du gaz et du pétrole ont atteint des niveaux très élevés. Il suffit de constater que le prix du baril a atteint 113 dollars. Un niveau historique, dont l'effet se fait sentir au Maroc où les professionnels du transport se sont mis en grève pour revendiquer une aide de l'Etat pour faire face à la hausse des prix du carburants. Passer à la caisse pour stabiliser davantage les prix pourrait nécessiter des dépenses supplémentaires non prévues par la Loi des Finances. D'où l'hypothèse d'un nouveau budget rectifié. Jusqu'à présent, l'Exécutif reste déterminé à ne rien changer, c'est ce qu'on comprend de l'intervention du ministre délégué chargé du Budget, Faouzi Lakjaâ, lors de son passage à MFM Radio. Pas question, selon lui, de recourir à une nouvelle Loi des Finances. Le ministre a indiqué que le gouvernement est en capacité de trouver les financements nécessaires pour amortir le choc de l'inflation actuelle sans donner une idée sur les sources d'où émanent ces financements. Recours à la dette ? Rien n'est encore décidé. En tout cas, Faouzi Lekjaâ a assuré que le gouvernement ne réduira pas l'investissement public, sur lequel l'Exécutif parie pour relancer la croissance. Il a simplement fait savoir que l'investissement public ne sera pas sacrifié. Rappelons à cet égard que le gouvernement d'Aziz Akhannouch a mobilisé 245 milliards de dirhams pour l'investissement public. Une enveloppe record destinée à financer de grands chantiers tels que la généralisation de la couverture sociale, le programme Awrach et les dispositifs de prêts-garantis, destinés à soutenir l'entreprenariat. En refusant de toucher à l'investissement public, le gouvernement est appelé à trouver l'argent pour booster la caisse de compensation, dont le budget a augmenté en 2022. Concernant les prix des carburants, le ministre a indiqué que le gouvernement va aider financièrement les professionnels du transport pour que la hausse des prix du diesel et de l'essence ne se répercute pas sur les tarifs. Raison pour laquelle le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a appelé les ministres concernés à programmer une réunion avec les professionnels. Ces derniers sont revenus sur leur décision d'augmenter de 20% les prix de transport après avoir reçu les assurances de l'Exécutif. Ainsi, le gouvernement devra passer à la caisse et mobiliser une enveloppe financière. S'agissant du gaz, dont les prix ont flambé, pour garantir que le prix de la bouteille reste à 40 dirhams, le gouvernement devra payer 10 MMDH supplémentaires sachant que le subventionnement du blé tendre coûtera 3 milliards, vu la hausse des cours sur le marché mondial à cause de la suspension des exportations ukrainiennes et russes sur fonds de la guerre qui sévit actuellement. Si le gouvernement est si rassuré, c'est qu'il peut faire recours à des sources de financement plus sophistiqués, sachant que le PLF 2022 a puisé dans les financements innovants qui rapportent 12 MMDH.