Les familles se doivent de dialoguer avec leurs enfants pour atténuer d'éventuels effets sur leur santé psychique, suite au décès tragique du petit Rayan, estime Mohcine Benzakour, professeur universitaire en psychologie sociale. ''Ce drame a provoqué un émoi sans précédent grâce notamment à l'influence phénoménale des médias sociaux. En conséquence, il serait illusoire de détourner l'attention des enfants sur cet événement tragique'', estime Mohcine Benzakour, professeur universitaire en psychologie sociale. Et de noter, dans une interview accordée à la MAP, que l'impossibilité (ou presque) d'empêcher les enfants de suivre le déroulé de ce drame au vu de l'omniprésence du numérique dans presque tous les foyers, entraîne une aggravation des pressions psychologiques sur les enfants et du coup, les parents se trouvent dans l'incapacité de leur cacher les faits ou encore de leur interdire le désir d'en discuter avec leurs amis. Face à ce drame, M. Benzakour déplore l'attitude de certains parents peu instruits qui ont cherché à faire peur à leurs enfants, leur interdisant de quitter le foyer familial au risque de subir le même sort que le petit Rayan, ajoutant que si on peut concéder que ce réflexe est normal pour ce genre de parents, il n'en reste pas moins que cette exploitation démesurée de l'angoisse est synonyme de chantage affectif, lequel représente une source d'insécurité pour l'enfant et peut le rendre encore plus stressé. Les enfants âgés de 5 à 8 ans sont les plus affectés par ce drame car ils comprennent bien ce qui se passe autour d'eux et aussi ce qui est relayé par les médias sociaux, surtout les enregistrements sonores, les vidéos ou encore les images choquantes. Et pour cause, les enfants commencent à cet âge-là à développer leur personnalité dans un sens d'identification par rapport à l'autre, et montrent qu'ils sont dans la même situation de la victime à chaque fois qu'ils font l'objet d'un chantage affectif de la part de leurs géniteurs, soutient le spécialiste en psychologie sociale. Une situation problématique qui peut perturber l'enfant et provoquer en lui des peurs suite aux cauchemars et même affaiblir sa capacité de prendre des décisions et lui fait perdre son sens de l'aventure, a-t-il mis en garde, avant d'ajouter que la situation peut s'aggraver davantage et atteindre le stade de la maladie psychique si les parents ne prennent pas vite les choses en main et expliquent à leurs enfants les faits et leur disent que cela peut arriver à n'importe quel enfant. M. Benzakour tient, cependant, à faire remarquer que l'impact du drame du petit Rayan n'est pas ressenti de la même manière chez des enfants issus de parents disposant d'un bon niveau d'instruction, lesquels sont bien disposés à évoquer en famille le sujet sans gêne et en toute spontanéité. Et de recommander aux parents d'expliquer à leurs enfants que ce qui est arrivé au petit Rayan peut être le cas de n'importe quel autre enfant de son âge et qu'en définitive, ce sont les accidents de la vie face auxquels il faut faire preuve de vigilance et prudence. ''À force d'explication et de recommandation, il est ainsi possible de développer chez l'enfant ses cinq sens, lui permettant ainsi de mieux observer les choses et les comprendre et prendre en conséquence la décision opportune car le risque sur le plan psychologique s'aggrave lorsque la peur prend le dessus sur les cinq sens dont dispose l'enfant'', souligne-t-il. Le docteur Benzakour tient aussi à mettre en garde contre certains comportements des parents et aussi des éducateurs qui négligent d'expliquer d'une manière simple certaines choses de la vie, ce qui risque d'entraîner chez leurs enfants des troubles psychiques, ajoutant que cette forme d'éducation repose avant tout sur un dialogue franc, sans tabou. Il suggère, à ce propos, que les enseignants du primaire consacrent à la rentrée des vacances scolaires au moins une demi-heure pour évoquer avec leurs élèves le sujet. Et de conclure que ce dialogue est l'équivalent d'une thérapie psychologique, surtout pour les enfants très sensibles. L'inhumation de la dépouille du petit Rayan, qui a eu lieu après les prières d'Addohr et du mort, s'est déroulée lundi au cimetière Zaouia dans le village de Daroutane, en présence de la famille du défunt et une foule d'habitants de la commune et des collectivités territoriales voisines.