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Crise ukrainienne : Réunion du Conseil de Sécurité, d'autres sanctions en l'air
Publié dans L'opinion le 31 - 01 - 2022

Le Conseil de Sécurité s'est réuni lundi sur la crise ukrainienne à la demande de Washington qui intensifie ses efforts pour dissuader Moscou d'envahir l'Ukraine.
"Plus de 100.000 soldats russes sont déployés à la frontière ukrainienne et la Russie se livre à d'autres actes de déstabilisation visant l'Ukraine, ce qui constitue une menace claire pour la paix et la sécurité internationales et la Charte des Nations unies", a affirmé il y a quelques jours l'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield.
Face à la menace d'une invasion, Kiev a appelé dimanche la Russie à retirer ses troupes massées le long de la frontière entre les deux pays et à poursuivre le dialogue avec les Occidentaux si elle souhaite "sérieusement" une désescalade des tensions.
Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont quant à eux brandi la menace de nouvelles sanctions contre la Russie. Londres a indiqué vouloir cibler les intérêts russes "qui intéressent directement le Kremlin". A Washington, deux élus démocrate et républicain ont affirmé que le Congrès était proche d'un accord sur un projet de loi prévoyant de nouvelles sanctions économiques contre la Russie.
Parmi l'arsenal de sanctions évoquées, le Royaume-Uni comme les Etats-Unis envisagent de cibler le gazoduc stratégique Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne, ou encore l'accès des Russes aux transactions en dollars, la monnaie reine dans les échanges internationaux.
Traité sur un même pied d'égalité
Face à la perspective de ces nouvelles sanctions, Moscou a réclamé d'être traité sur un pied d'égalité par Washington. "Nous voulons de bonnes relations, équitables, mutuellement respectueuses et égales avec les Etats-Unis, comme avec tout autre pays du monde", a déclaré à la télévision le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, poursuivant que la Russie "ne veut pas rester dans une position où (sa) sécurité est régulièrement violée", a poursuivi M. Lavrov.
Lundi, la Russie tentera probablement d'empêcher les 15 membres du Conseil de tenir la réunion, "mais le Conseil de sécurité est uni. Nos voix sont unies pour demander aux Russes de s'expliquer", a affirmé dimanche sur ABC l'ambassadrice américaine à l'ONU.
"Nous allons entrer dans la salle, prêts à les écouter, mais nous n'allons pas nous laisser distraire par leur propagande", a-t-elle ajouté. "Et nous allons être prêts à répondre à toute désinformation qu'ils tenteront de diffuser au cours de cette réunion".
La Russie est accusée depuis fin 2021 d'avoir massé jusqu'à 100.000 soldats à la frontière ukrainienne en vue d'une attaque. Moscou nie tout projet en ce sens, tout en réclamant des garanties écrites pour sa sécurité, dont le rejet d'une adhésion de l'Ukraine à l'Otan et la fin du renforcement militaire de l'Alliance atlantique à l'Est.
Cette demande clé a été rejetée par les Etats-Unis cette semaine dans une réponse écrite à Moscou. Le Kremlin a indiqué réfléchir encore à sa réaction.
Déployer des troupes
Plusieurs pays occidentaux ont annoncé ces derniers jours l'envoi de nouveaux contingents en Europe orientale.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson va proposer cette semaine à l'Otan un déploiement de troupes pour répondre à la montée de "l'hostilité russe" envers l'Ukraine. Une annonce appréciée par le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, et le ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kouleba, qui ont tous deux salué le "leadership" britannique.
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, son homologue allemande Annalena Baerbock ainsi que le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki sont attendus cette semaine à Kiev.
La ministre canadienne de la Défense Anita Anand, dont le pays fournit une assistance militaire à l'Ukraine, y est arrivée dimanche pour une visite de deux jours. Elle a annoncé le déplacement des troupes militaires canadiennes dans l'ouest de l'Ukraine et le rapatriement temporaire de tous les employés non essentiels en poste à son ambassade de Kiev.

Des sanctions à double tranchant

Les sanctions que Washington menace d'imposer à la Russie pourraient provoquer un krach boursier et avoir un grave impact sur la population américaine, depuis les milliardaires jusqu'aux classes populaires, prévient le New York Times.
Alors que la Russie ne cesse d'affirmer qu'elle n'est disposée à envahir personne, Washington brandit des menaces de sanctions en cas d'attaque de l'Ukraine.
Cependant ces mesures pourraient bouleverser l'économie d'autres pays, indiquent au New York Times des experts, et impacter de la sorte la stabilité du système financier mondial.
"Les sanctions les plus punitives que les responsables américains ont menacé d'imposer à la Russie pourraient provoquer une grave inflation, un krach boursier et d'autres formes de panique financière qui infligeraient des souffrances à leur peuple: des milliardaires aux responsables gouvernementaux en passant par les familles de la classe moyenne", indique le journal.
Certains analystes mettent également en garde contre une potentielle spirale d'escalade. La Russie pourrait riposter en coupant la livraison de gaz naturel vers l'Europe.

"Mais la stratégie comporte des risques politiques et économiques. Aucune nation n'a jamais tenté d'imposer des sanctions aussi larges contre des institutions financières aussi importantes et contre une économie de la taille de la Russie", écrit le journal en lien avec les projets de frapper les plus grandes banques et institutions financières russes.
Le New York Times rappelle que les sanctions n'aboutissent pas toujours au résultat escompté.


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