Après l'arrêt du Gazoduc Maghreb-Europe, le Maroc compte sur la diversification des sources d'approvisionnement en gaz pour satisfaire ses besoins grandissants qui atteindront 3 milliards de mètres cubes en 2040. Détails. Le Maroc n'a pas attendu la rupture des relations diplomatiques avec l'Algérie et l'arrêt du Gazoduc Maghreb-Europe pour diversifier son approvisionnement en gaz naturel. Le Royaume parie désormais sur le méga projet du pipeline Afrique Atlantique, provenant du Nigeria, dans les années à venir. Le Royaume place également ses espoirs dans l'exploration des gisements gaziers sur son sol. Bien que l'Algérie fournissait 65% des besoins du Maroc en gaz, la suspension des fournitures algériennes n'a pas eu un impact considérable sur l'approvisionnement du Maroc. Le gaz venu du voisin de l'Est n'était utilisé que dans la production de l'électricité dans deux centrales seulement, à savoir Tahaddart et Aïn Béni Mathar, selon la ministre de la Transition énergétique, Leila Benali. Ceci dit, le marché national n'a aucunement été affecté. Les besoins augmenteront en 2025 avant de tripler en 2040 Le Maroc cherche à sécuriser son approvisionnement dans les prochaines années puisque ses besoins auront tendance à augmenter. Le Conseil de la Concurrence, en se basant sur les estimations de l'ONEE, fait état d'une augmentation de la consommation nationale à 1,7 milliard de mètres cubes en 2030 et à 3 milliards de mètres cubes en 2040. "Cette hausse prévisionnelle est portée essentiellement par les besoins, de plus en plus élevés, de la production électrique", explique le rapport du Conseil. La part de la production électrique dans la consommation nationale de gaz devrait passer de 27% en 2025 à 41% en 2030 avant d'atteindre 46% à l'horizon de 2040. Le secteur industriel devrait également augmenter ses besoins en gaz qui sont censés passer de 0,6 milliard de mètres cubes en 2025 à 1,4 milliard en 2040. S'agissant du secteur du transport, il devrait croître pour représenter environ 10% de la demande totale. Selon les experts cités par le Conseil de la Concurrence, son développement est étroitement lié à la décision des distributeurs de carburants (en particulier Afriquia, Total Maroc et Vivo Energy) de mettre en place un réseau de distribution du gaz à destination des véhicules (collectifs, lourds et/ou légers). En gros, le gaz reste consommé principalement par trois opérateurs essentiels, à savoir l'ONEE pour la production d'électricité par les deux stations de Tahaddart dans la région de Tanger et d'Aïn Béni Mathar dans la région d'Oujda. L'OCP figure également parmi les plus grands consommateurs du gaz utilisé par le groupe dans le séchage du phosphate. Pour le reste, le gaz demeure très consommé dans l'industrie de la céramique, de la sidérurgie ou de la verrerie, suivie par l'industrie automobile. La production nationale reste faible Force est de constater que la production nationale demeure trop faible pour satisfaire cette hausse prévisionnelle vu qu'elle ne dépasse pas 100 millions de mètres cubes (m3) par an, produits à partir de petits gisements éparpillés sur le territoire national puis transportés et commercialisés par l'ONHYM en partenariat avec des sociétés privées spécialisées dans le domaine de l'exploration et de la recherche d'hydrocarbures. Prenant acte de cela, le Maroc compte fouiller davantage dans les profondeurs de son sous-sol dans l'espoir de trouver plus de gisements gaziers dans les prochaines années. Le Royaume s'évertue à renforcer les explorations en accordant des licences à quatre sociétés exploratrices. Il s'agit de Sound Energy qui détient la licence de Tendrara dans la région de l'Oriental, Chariot Oil&Gas qui détient la licence Lixus à Larache, Mohammedia et Kénitra, PetradorOil&Gas dans la région de Guercif, SDX Energy qui dispose de cinq concessions dans la région du Gharb (Centre-Nord) et de trois concessions dans le Nord-Est du Maroc. Gaz algérien : une page définitivement tournée Le Conseil de la Concurrence a donné davantage de détails sur les importations du gaz algérien avant l'arrêt du gazoduc à la fin du mois d'octobre 2021 qui, rappelons-le, a été décidé unilatéralement par le gouvernement d'Alger, dans la foulée de la rupture des relations entre les deux pays. Jusqu'à ce moment, le Maroc couvrait ses besoins en gaz naturel soit par importation directe de l'Algérie, à travers l'Office national d'Eau et de l'Electricité (ONEE), soit par le Gazoduc Maghreb-Europe (GME). Le volume du gaz algérien acheté directement par l'ONEE, auprès de SONATRACH, a atteint 532 millions de mètres cubes en 2020, soit une baisse de 11% par rapport à 2019 (588,9 millions), sachant que ce chiffre s'élevait à 644,5 millions de mètres cubes en 2017 et 620,38 en 2016, selon les chiffres du Conseil d'Ahmed Rahou. Le fait que le Maroc assurait le transit du gaz algérien vers l'Espagne lui ramenait une part sous forme de droits du gaz, les redevances n'ont pas cessé de dégringoler au cours des trois dernières années, passant ainsi de 388.6 millions de mètres cubes, en 2018, à 300 millions de mètres cubes en 2019, puis à 141 millions de mètres cubes en 2020. Anass MACHLOUKH L'info...Graphie