De la croissance au taux directeur en passant par l'inflation, sans oublier le marché secondaire des créances en souffrance, tout était au menu de la dernière réunion trimestrielle du Conseil de BAM de l'année 2021, tenue mardi à Rabat. Déjà, la Banque Centrale mise sur une croissance de 6,7 ; une inflation de 2,1 en 2022, qui pourra reculer à 1,4 en 2023. Parallèlement, BAM maintient son taux directeur à 1,5. La dernière réunion trimestrielle du Conseil, au titre de 2021, de Bank Al- Maghrib (BAM) était très attendue car elle permet de faire une projection sur la nouvelle année mais aussi les actions et les prévisions pour les 365 jours à venir. Sur ces différents volets, les opérateurs et partenaires du Maroc ont été servis. Car les travaux de cette session ont posé les contours des principales actions et mesures pour rendre l'économie nationale confiante en forgeant sa résilience dans un contexte mondial impacté par les conséquences de la crise sanitaire. De la croissance au taux directeur en passant par l'inflation sans oublier le marché secondaire des créances en souffrance, M. Abdellatif Jouahri, Wali de BAM a éclairé les opérateurs et acteurs sur toutes ces questions. Dans cette optique, et selon la Banque Centrale, l'économie marocaine devrait enregistrer une croissance de 6,7% au titre de l'année 2021, avant de s'établir à 2,9% en 2022 et à 3,4% en 2023. Pour BAM, les progrès en matière de vaccination, le maintien des stimulus budgétaire et monétaire ainsi que la très bonne campagne agricole vont faire enregistrer à l'économie un rebond de 6,7% cette année, avec des hausses de 18,8% de la valeur ajoutée agricole et de 5,3% de celle des activités non agricoles. Au cours des deux prochaines années, estime BAM, le rythme de l'activité restera largement tributaire de l'évolution de la situation sanitaire aux plans national et international et des restrictions que les autorités seraient amenées à mettre en place, les projections de BAM tablent, dans le scénario central, sur une consolidation de la croissance à 2,9% en 2022 et à 3,4% en 2023. Demandeurs d'emploi Sur le marché du travail, la Banque Centrale souligne que les dernières données relatives au troisième trimestre 2021 font ressortir un net redressement avec une création de 642 mille postes et une entrée nette de 607 mille demandeurs d'emplois. Quant au taux d'activité, il a augmenté de 1,6 point de pourcentage à 45,1% et le taux de chômage a reculé de 0,9 point de pourcentage à 11,8% Quant à la valeur ajoutée des activités non agricoles, BAM relève qu'elle poursuivrait son amélioration aux rythmes de 3,2% en 2022 et de 3,4% en 2023 et, sous l'hypothèse de récoltes céréalières moyennes de 75 MQx annuellement, celle du secteur agricole reculerait de 2,8% en 2022 et progresserait de 2% en 2023. Concernant l'inflation, la Banque Centrale, rapporte que malgré le net accroissement de sa composante fondamentale, elle devrait rester à des niveaux contenus, passant en moyenne de 0,7% en 2020 à 1,4% en 2021, à 2,1% en 2022, puis reculer à 1,4% en 2023. BAM fait observer, à ce sujet, que les données disponibles sur les prix à la consommation font ressortir des hausses sensibles, ces derniers mois, pour certains produits alimentaires, tout comme pour les carburants et lubrifiants. Cette évolution résulte essentiellement des pressions externes liées à la flambée de leurs cours sur les marchés internationaux. Concrètement, explique BAM, elle s'est traduite par une nette accélération de la composante sous-jacente de l'inflation qui est passée de 0,7% en moyenne au cours du premier semestre à 2% au troisième trimestre et à 3,3% en novembre. Cette inflation devrait ressortir à 1,7% sur l'ensemble de cette année et se situer à 2,7% en 2022 avant de revenir à 1,8% en 2023 avec la dissipation prévue des pressions externes. Financement adéquat Autre décision importante prise lors de cette réunion porte sur le taux directeur. A ce sujet, le Conseil a estimé que l'orientation de la politique monétaire reste largement accommodante, assurant les conditions de financement adéquates. Il a jugé, en particulier, que le niveau actuel du taux directeur demeure approprié et a décidé ainsi de le maintenir inchangé à 1,50%. Cette mesure est largement appréciée par les acteurs. D'ailleurs, Attijari Global Research (AGR) indique, à cet effet, que le consensus des investisseurs financiers au Maroc est quasiment à l'unanimité en faveur d'une stabilité du taux directeur de Bank Al-Maghrib. Selon AGR, 88% des investisseurs sondés ont anticipé un statu quo du taux directeur de BAM au terme de sa présente réunion, contre 95 % pour le précédent. Cette enquête a été réalisée auprès d'un échantillon pertinent de 35 investisseurs considérés parmi les plus influents du marché financier marocain. En outre, la quote-part des Acteurs de Référence anticipant un statu quo du taux directeur reflète à son tour une unanimité en décembre 2021, soit 100%, note AGR. A l'analyse des réponses obtenues par les deux principales catégories d'investisseurs, à savoir les Institutionnels locaux et les Acteurs de Référence (Ndlr: les personnes ayant suffisamment de recul sur le marché financier marocain leur permettant de retranscrire de manière relativement fidèle l'état d'esprit des investisseurs sans pour autant intervenir directement sur le marché), AGR relève que les institutionnels maintiennent à l'unanimité leurs anticipations quant à une stabilité du taux directeur en décembre 2021. Enfin, pour les marché secondaire des créances en souffrance, BAM va mettre place une commission pour gérer ce dossier.
Wolondouka SIDIBE Créances en souffrance Lors du point de presse, en mode visioconférence à l'issue de la dernière réunion trimestrielle du Conseil de BAM de l'année 2021, le Wali de la Banque Centrale, Abdellatif Jouahri, a souligné que son institution est engagée activement pour pouvoir, au cours de cette année, sortir au grand jour ce marché secondaire des créances en souffrance. « Nous avons déjà travaillé sur ce qui doit être demandé, aussi bien sur le plan fiscal, que sur le plan juridique et des recouvrements. Nous avons aussi travaillé avec les banques », a déclaré le Wali avant d'ajouter que le volume est assez valable pour animer ce marché secondaire. Pour le Fonds Monétaire international (FMI), la Banque Centrale devra continuer à veiller à ce que les banques continuent de constituer des provisions pour créances douteuses, tout en accélérant, avec les autorités concernées, le lancement des réformes pour la création d'un marché secondaire des créances en souffrance. Le FMI note aussi que les autorités devraient parachever le projet de réforme légale visant à se doter d'un cadre plus solide en matière de résolution bancaire.