A l'âge de 72 ans dans une clinique à Agadir, Raïs Ahmed Bizmaoun, figure emblématique de la musique amazighe, a perdu la vie. L'art des rwayes est en deuil et son Loutar est désormais orphelin. Après avoir souffert, pendant des mois, d'un cancer de poumons en phase terminale qui l'a contraint au lit pendant des mois, Raïs Ahmed Bizmaoun nous a quittés à l'âge de 72 ans, vendredi soir dans une clinique privée de la ville d'Agadir. Le défunt avait subi deux interventions chirurgicales, dont les frais ont été pris en charge par certains de ses amis et proches et par le ministère de la Culture avant de décéder après de longues décennies de création artistique, notamment des performances, des poèmes et des mélodies. On le croyait rétabli suite à ces deux interventions mais la maladie a eu raison du rossignol de Souss. Un départ inattendu qui a fait planer une grande tristesse et provoquer un profond chagrin dans les cœurs des amis et des fans du regretté. Avec ce décès, une voix s'est éteinte, un géant de la chanson amazighe s'en va et Loutar, instrument préféré de Raïs Ahmed, est devenu orphelin. Bizmaoun aura marqué sans conteste la chanson marocaine et enrichi le patrimoine artistique national. Originaire de Tamri, commune rurale de la préfecture d'Agadir Ida-Outanane, le nom de Raïs Ahmed Bizmaoun est apparu dans l'arène de l'art au début des années 70, plus précisément en 1972, lorsqu'il a mis sa première cassette sur le marché. Très rapidement, le défunt a gravi les échelons de la célébrité jusqu'à ce qu'il soit devenu l'un des piliers de l'art des rwayes. En quête de sa quiétude, Feu Bizmaoun avait passé sa jeunesse dans la pêche traditionnelle, loin de la ville et de son vacarme, et il compte parmi les artistes soussis les plus célèbres, connus pour avoir composé de la poésie amazighe en mots et mélodie sur le maqam pentatonique, qui joue sur plusieurs instruments comme le rabâb et le luth. L'amour du Raïs pour la nature ne s'est jamais démenti et son lien spirituel avec la mer s'est reflété dans ses chansons dont une grande partie évoquait la magie de la mer et la sonorité de ses vagues. Même quand il s'est éloigné de la scène artistique, il a décidé de s'installer près de la mer, dans les environs de Tiznit, où il avait l'habitude de passer de nombreuses heures de son temps dans une grotte près de la plage. Raïs Ahmed est mort, la scène artistique est en pleurs. Le grand homme est parti, désormais, le mythe est né. Nous sommes à Dieu et à Lui nous retournons.