A quelques heures de la tenue d'une session extraordinaire de la Conférence de la coopération islamique, le Maroc et le Pakistan ont une ambition commune de développer leurs relations bilatérales. L'industrie militaire en est l'un des grands leviers. L'Ambassadeur d'Islamabad à Rabat, nous en parle davantage. L'un des pays fondateurs de l'Organisation de la Conférence islamique, le Maroc et le Pakistan partagent plusieurs idéaux et objectifs communs. Les deux pays ont fortifié leur coopération dans le domaine militaire, en menant des exercices navals conjoints, il y a quelques mois, tout en échangeant des visites de délégations de temps à autre pour raffermir leur partenariat bilatéral, dont le volet militaire est une composante essentielle. "Ça peut être le début d'une coopération multidimensionnelle à tous les niveaux", nous explique l'Ambassadeur pakistanais, Hamid Asghar Khan, en marge de la tenue d'une conférence de presse, au siège de l'Ambassade à Rabat, où il a annoncé que son pays accueillera le 19 décembre à Islamabad, une session extraordinaire du Conseil des ministres des Affaires étrangères (CFM) de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) sur la situation en Afghanistan.Une occasion pour discuter de la crise migratoire en Afghanistan entre pays musulmans. Le Pakistan s'est trouvé seul à gérer le problème des réfugiés afghans (près de 3,2 millions) tout en faisant face aux menaces terroristes que représentent les groupes proches des talibans. En aparté, le diplomate nous a parlé des perspectives de développement des relations bilatérales. Rabat et Islamabad qui ont établi leurs relations diplomatiques dans les années 50, ont beaucoup à gagner d'un rapprochement au niveau politique, surtout que Islamabad adopte une position modérée, voir plus favorable au Maroc, sur la question du Sahara, "nous n'avons jamais reconnu le polisario", rappelle l'ambassadeur, qui appelle de ses voeux à construire un partenariat solide sur le plan économique, bénéfique pour les deux pays. L'un des atouts que peut offrir le Pakistan est son expérience dans l'industrie militaire. Le pays est prêt à partager son expertise dans ce domaine avec le Maroc, qu'il considère comme une puissance émergente en Afrique capable de procurer des opportunités d'investissement pour ses hommes d'affaires. Le fait que le Maroc soit très enraciné économiquement en Afrique subsaharienne intéresse fortement ce pays limitrophe de l'Inde et de l'Afghanistan, qui a l'ambition de renforcer les contacts avec les autorités marocaines dans les années qui viennent. Le chemin s'annonce long, certes, mais prometteur. Force est de constater que le Maroc a augmenté ses exportations vers ce pays de 2,6 MMDH en 2016 à 3,5 MMDH en 2019, selon les chiffres de l'Office des changes. Cependant, le commerce bilatéral reste faible. Les contacts entre les acteurs économiques vont bon train, plusieurs forums d'affaires se sont tenus récemment, dont celui de 2017, qui a eu lieu à l'initiative du Centre islamique pour le développement du commerce (CIDC). L'enjeu fut d'établir une connexion maritime directe entre les ports de Casablanca et de Karachi afin de stimuler les échanges. En somme, l'industrie militaire reste un éventuel levier de la coopération entre les deux pays, il convient de rappeler ici qu'une délégation militaire, présidée par le maréchal Arshad Malik, s'est rendue au Maroc en 2016, lors du "Marrakech Air Show", où les responsables pakistanais avaient fait part de leur volonté de partager leur savoir faire avec le Maroc en ce qui concerne la fabrication des avions de chasse. L'Armée pakistanaise est parvenue à développer son propre modèle d'un avion chasseur "JF-17′′, grâce à une assistance chinoise. Cette offre peut être bénéfique pour le Maroc qui s'est lancé d'ores et déjà dans le développement de sa propre industrie militaire.