Engagé à rester solidaires tout au long du mandat du gouvernement, le trio de la Majorité s'est fixé une série d'objectifs et de règles pour réussir la mission de l'Exécutif. Voici les principaux détails d'une charte prometteuse. L'horizon s'éclaircit désormais pour la Majorité qui s'est dotée d'un code de bonne conduite qui régira son action tout au long du mandat du gouvernement d'Aziz Akhannouch. Le Parti de l'Istiqlal, le RNI et le PAM se sont accordés à propulser le pays sereinement dans le Nouveau Modèle de Développement (NMD), en faisant bon usage de leur légitimité issue du vote du 8 septembre qui a placé le trio au podium de la scène politique du Royaume. Vu la conjoncture exceptionnelle que traverse le Royaume, marquée par les ravages de la crise sanitaire et les attaques qu'il subit dans son voisinage régional, il est très important de serrer les rangs et raffermir le front intérieur, d'où la nécessité d'un Exécutif fort, plébiscité par une majorité soudée pour relever les défis futurs. Il y en a d'ailleurs beaucoup, dont la sortie de la crise, la réalisation des idéaux du NMD et la bataille de la cause nationale du Sahara. La nouvelle charte est une chance telle qu'elle peut transformer la crise en opportunités, aux yeux du leader du Parti de l'Istiqlal, Nizar Baraka. Conscients de l'ampleur de ces défis, les trois partis de la coalition ont l'intention de tenir tous leurs engagements électoraux et mener les réformes indispensables au développement du Maroc sans la moindre hésitation. Il s'agit de l'un des engagements qui figure plusieurs fois au sein du document, rendu public après la cérémonie de signature qui a eu lieu lundi au siège du RNI. Rester à l'écoute des citoyens est l'un des principes directeurs de l'action du gouvernement, Nizar Baraka en a souligné l'importance à plusieurs reprises lors de son allocution à l'occasion de la cérémonie de signature. En s'engageant à rester solidaires les uns vis-à-vis des autres, le RNI, l'Istiqlal et le PAM ont fixé quelques règles à respecter tant dans leur conduite qu'au niveau de la coordination. Dans le document, les trois formations prêtent serment de fidélité aux références fondamentales, à savoir la Constitution, les Orientations royales, le NMD et le programme gouvernemental qui devrait être appliqué à la lettre, jusqu'à la fin du mandat. Coordination institutionnalisée La charte met en place une nouvelle organisation des trois partis, pour encadrer leur coexistence. Il a été établi un Conseil de la présidence de la majorité, constitué des Secrétaires Généraux, lesquels doivent rester en contact permanent afin de coordonner leurs actions, explique le document, selon lequel les réunions sont présidées par le patron du RNI Aziz Akhannouch, en tant que chef du gouvernement. Ces derniers doivent se réunir au moins une fois par mois, pour évaluer le niveau d'exécution du programme gouvernemental, et délibérer sur tous les sujets qui concernent le pays. En cas d'absence des Secrétaires Généraux à cause de leurs missions ministérielles, ils peuvent être représentés par des personnalités désignées. Concernant les relations avec le Parlement, le Conseil de la présidence de la Majorité doit tenir deux réunions avec les deux présidents des deux Chambres à la veille des deux sessions parlementaires du printemps et de l'automne. Idem pour les groupes parlementaires de la Majorité qui seront convoqués à la réunion du Conseil une fois par an avant le début de l'année parlementaire. Pour une meilleure exécution des politiques publiques au niveau local, la Majorité doit réunir les présidents des Conseils régionaux à cet effet, tout en respectant l'autonomie des régions dans la limite des compétences qui leur sont dévolues. Rappelons ici que les trois partis de la Majorité président la totalité des régions du Royaume. Tous les présidents des régions ont été élus grâce à une alliance tripartite. Le RNI, l'Istiqlal et le PAM avaient décidé, au lendemain de l'annonce des résultats des élections régionales et locales, de faire front commun dans les élections des présidents des Conseils des régions et des collectivités territoriales. Les trois partis se sont partagé équitablement les 12 régions du Royaume. Un code éthique Par ailleurs, la charte instaure une éthique politique inspirée d'une série de principes que les trois partis sont tenus de respecter. D'abord, se tenir à l'écart des querelles intestines, pas question de reproduire le souvenir morose de la dernière législature où les partis de l'ex- Majorité s'en prenaient les uns aux autres au point qu'on ne distinguait plus la majorité de l'opposition. Ainsi, tout le monde est tenu de s'éloigner des propos téméraires et des altercations inutiles, avec un esprit de solidarité. Sur ce dernier point, la charte exhorte toutes les composantes de la Majorité (députés, conseillers, cadres partisans, élus locaux, etc.) à se comporter de façon exemplaire vis-à-vis de la société civile et de l'opposition. A cet égard, la Majorité se doit d'être résolument ouverte et attentive aux initiatives de l'opposition parlementaire. Un changement radical par rapport au gouvernement de Saâd Dine El Othmani qui ne prenait pas suffisamment en compte les doléances de l'Opposition. Sur le plan législatif, les groupes parlementaires, aussi bien à la première qu'à la deuxième Chambre du Parlement, doivent coordonner leurs actions en se concertant lors du dépôt des amendements et du vote des projets de lois. Le même esprit doit prévaloir dans les propositions de lois et la constitution des missions exploratoires. Les ministres sont également concernés par le devoir de concertation. Ces derniers sont appelés à collaborer étroitement entre eux et rester proches des groupes parlementaires. À noter ici que la relation entre le ministre et le député ou l'élu local est d'autant plus vitale qu'elle permet une meilleure compréhension des problèmes des citoyens et réduit le poids de la bureaucratie. Compte tenu de son importance, la communication de la Majorité est encadrée par la nouvelle charte, qui veille à éviter tout dérapage ou ambivalence. Toutes les structures de la Majorité s'expriment par voie de communiqués officiels, sachant que les députés et les Conseillers ne doivent pas adopter des positions contraires aux orientations du gouvernement. Anass MACHLOUKH Réussir le mandat gouvernemental
Si la Majorité se fixe une charte si rigoureuse, c'est pour veiller à la réalisation stricte des objectifs du programme gouvernemental qui contient dix engagements clairs conformes à l'esprit du Nouveau Modèle de Développement. L'Exécutif vise à assurer une croissance de 4% en moyenne dans les cinq prochaines années, tout en créant un million d'emplois dans la même période. L'Exécutif a commencé à tenir cet engagement en lançant le programme Awrach grâce auquel 125.000 emplois seront créés en 2022. Parmi les priorités du gouvernement, sortir un million de familles de la pauvreté grâce à la création d'emplois et à la généralisation de la couverture sociale. D'ailleurs, c'est l'une des promesses électorales du Parti de l'Istiqlal, qui a également réussi à introduire l'ambition d'augmenter le taux de participation des femmes de 20% à 30%. Le gouvernement compte également soutenir le pouvoir d'achat des classes moyennes et améliorer les services publics. La réforme du système de l'Education est une priorité urgente pour le nouvel Exécutif, qui l'a commencée dès son entrée en fonction.