La Citerne portugaise d'El Jadida, ce joyau architectural croupit aujourd'hui sous le spectre de la décrépitude. Sa fermeture depuis un bail, laisse perplexe plus d'un et inquiète l'opinion publique qui aurait attendu longtemps, avant que les autorités concernées ne daignent se manifester, pour justifier l'état des lieux et rassurer quant au sort de ce monument historique classé pourtant patrimoine mondial. En effet, relève-t-on dans un communiqué publié par les services de la conservation du patrimoine des villes d'El Jadida et d'Azemmour: « Nous informons le public que les portes de la citerne portugaise à El Jadida sont actuellement fermées dans le cadre de la préparation de son projet de restauration. Cette fermeture est due aux effondrements survenus sur le toit du bâtiment de la citadelle portugaise, au milieu duquel se trouve la citerne, ainsi qu'au problème des infiltrations des eaux pluviales à l'intérieur du bâtiment à travers le toit, ce qui constitue une menace pour la sécurité et la sûreté des visiteurs ». Il semble selon une source responsable qu'effectivement certaines détériorations (Voir photo) auraient été détectées et confirmées par des experts en la matière qui ont amené les responsables du patrimoine à prendre les devants pour éviter tout risque potentiel. « Pourvu que les responsables daignent établir et veiller au respect d'un timing qui prendrait en compte le fait que cette Citerne s'affirme de nos jours, comme étant l'unique et ultime attraction dont dispose la ville », indiquent des observateurs, en commentant les faits. Inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco en 2004, cette citerne était en fait autrefois une ancienne salle d'armes construite en 1514. Elle fait partie des joyaux du patrimoine marocain. Au milieu du XVIe siècle, elle fut transformée en citerne pour approvisionner en eau potable la médina assiégée. L'eau coule sur les plafonds en pente de la citerne et des briques poreuses, visibles sur le coin à gauche en entrant, et la filtrent. Au sol, des joints en plomb rendent le sol imperméable. La citerne n'a jamais été retouchée, mis à part son bassin central. Le plafond est percé d'un trou qui permettait de puiser l'eau. Aujourd'hui, cette ouverture crée un puits de lumière au centre de la citerne, provoquant une atmosphère magique de clair-obscur dans ses volumes que rythment des colonnes. Les arches en forme de palmier qu'elles supportent se reflètent à surface de l'eau, en un effet de symétrie curieux et le soleil projette les reflets mouvants de l'eau sur les voûtes et les colonnes. A rappeler aussi que Orson Welles a tourné des séquences de son film Othello dans ce cadre surréaliste. Mohamed LOKHNATI